Près de 6 mois après avoir couru mon dernier trail me voilà de retour à la compétition. Les douleurs aux tendons d’Achille ont totalement disparu grâce notamment au protocole d’ondes de choc et aux étirements assidus et je m’entraîne régulièrement depuis un peu plus d’un mois et demi alternant footing en nature et sortie VTT. Même si je suis probablement un peu juste au niveau kilométrique j’opte tout de même pour la plus grande distance offerte par le Trail d’Avenas, soit 42km ! N’ayant jamais dépassé les 30 bornes en 2018 l’envie est intense  de titiller à nouveau cette barre mythique du marathon. En temps normal c’est une distance que j’enquille sans sourciller mais si on tient compte des 1800m de dénivelé aussi bien positif que négatif la tâche s’annonce ardue. Pourtant je sens au fond de moi que je peux y arriver. Je suis à mon poids de forme, je connais parfaitement mes allures qui me permettent de ne pas flancher et puis je suis presque chez moi à Avenas. J’y ai appris à lire, à marcher, à courir, à pédaler et même à skier. Et puis mon père y est enterré.

A 8h30 nous ne sommes qu’une centaine de coureurs au départ donné devant la petite église romane Notre Dame d’Avenas. Malgré le froid, la pluie et le vent j’ai opté pour une tenue légère constituée d’un simple short et d’un maillot manches longues Craft Active Extreme Windstopper. C’est sûr je ne pars pas pour randonner ! Stéphane Deperraz le vainqueur de l’UBVT 2018 prend rapidement les devants et attaque seul en tête les 3 kms de descente. Je me retrouve vite aux avant-postes au côté de mes potes Vincent Aujogues, Rémi Coquard et Arnaud Brémont. Mes sensations sont bonnes et le rythme imprimé me convient parfaitement. Contrairement à 2017 la neige encore présente la veille a totalement fondu et laissé place à un terrain boueux et glissant mais plus facile à dompter. Les premiers kilomètres sont vallonnés et sans trop de difficultés. Nous revenons sur Stéphane pour former un sympathique quintet et voilà déjà le premier ravitaillement après 7km. Je comptais y manger un bout de banane mais il n’ y a que de la boisson sur la table. Tant pis je me contenterai de mes quelques abricots secs pour le moment.

Alors que l’allure est plutôt modérée nous perdons Stéphane qui ne semble pas dans un grand jour et nous nous retrouvons à quatre. Si nous n’avions pas ces dossards accrochés au maillot on pourrait se croire revenu 3 semaines en arrière lorsque nous avons fait une reconnaissance partielle du parcours et mangé ensuite tous ensemble chez Vincent. D’autant qu’Arnaud et Rémi sont venus me chercher à la maison ce matin pour ne faire qu’une voiture, comme il y a 3 semaines. Bref nous sommes entre potes et continuons d’avancer tout en papotant de chose et d’autre. Ce ne sont que les encouragements reçus par les quelques bénévoles et la famille de Vincent croisés ici et là qui nous rappellent que nous sommes en course.

Nous voilà désormais au pied du mur. C’est ce qui est indiqué sur la pancarte plantée au pied du petit single menant au sommet de la Croix de Rochefort, point culminant du parcours. Il faut marcher car la pente est raide au milieu des sapins mais nous négocions ce passage sans problème, encouragé par les copains organisateurs du trail des Grisemottes Eric et Pierrick, tout heureux de nous voir arriver ensemble. Le ravito juste avant le sommet me permet de remplir ma bouteille d’eau et d’avaler quelques bouts de banane. Nous sommes sur la partie la plus haute de l’épreuve et il y a encore un peu de neige mêlée de boue et pas mal de flaques d’eau ce qui rend les appuis un peu fuyants. Dans la descente menant au dessus de Beaujeu, Vincent prend les devant et semble accélérer un peu. Faut dire qu’il passe bientôt à côté de sa maison et ses 3 fillettes attendent leurs bisous ! Je lui emboite le pas et suis content de constater que les jambes sont bien moins entamées qu’il y a 3 semaines. Vincent fait donc un arrêt express à domicile. Pour goûter à nouveau aux bonnes lasagnes d’Anne on repassera !

Nous atteignons bientôt la mi-course et évoluons désormais à découvert au milieu des vignes. Notre petit quatuor est de moins en moins causant et Arnaud un peu en retrait jusque là prend la tête du groupe. Je reste à ses côtés en adoptant son tempo qui me sied parfaitement. J’ai l’impression de pouvoir aller plus vite mais il reste encore du chemin et il me faut rester sage. Je profite pour ingurgiter un gel Isostar Essential Myrtilles Banane Acerola afin de prévenir un coup de mou. Je passe tout de même en tête lors de la longue ascension menant vers la Terrasse de Chiroubles mais en en gardant un peu sous le pied. Je retrouve Murielle et  Marianne sur le parking du restaurant et c’est à mon tour de recevoir un petit baiser !

Nous sommes désormais sur une partie en crête plutôt roulante. Le terrain est parsemé de flaques d’eau et de plaques de neige gelée et il faut zigzaguer et faire attention à ne pas glisser. Ça ne cause plus du tout au sein du groupe et je sens que c’est le moment de hausser le ton. Il reste 10km, j’ai encore de quoi boire alors je « zappe » le dernier ravitaillement et accélère franchement. Désormais plus question de me retourner faut foncer jusqu’à l’arrivée. Les jambes répondent bien et je peux allonger la foulée sans problème dans la descente menant à l’avant dernière côte du parcours. Nous ne l’avons pas reconnue lorsque nous sommes venus fin décembre et c’est donc sans repère que j’attaque cette difficulté. Ca ne monte pas trop au début, il faut toujours courir mais bientôt un mur se présente et cette fois pas d’autre alternative que de marcher. En haut je me retourne et ne voit personne à ma poursuite. J’avale un second gel et relance en trottinant pour rejoindre bientôt les coureurs du 29km partis une heure après nous. J’en double deux dans la descente menant au pied de l’ultime bosse. Cette descente est vraiment pourrie avec plein de cailloux recouverts de feuilles. Mais je passe ce piège vite et sans encombre et attaque les 4 derniers kilomètres toujours en tête.

Et là ça commence franchement à devenir dur … Le long faux plat montant menant au col du Fût d’Avenas semble interminable. Je m’accroche aux basques d’un coureur du 29km que je viens de rattraper mais bientôt je suis incapable de le suivre. J’ai l’impression de me traîner et de ne plus avoir de jus. Je crois que j’atteins mes limites du moment ! Du brouillard masque l’horizon et je suis tout surpris mais surtout soulagé de voir enfin apparaitre le col. Il ne reste plus qu’à serpenter au milieu de la forêt sur le single tracé pour l’occasion, entouré désormais des coureurs du 12km qui plongent eux aussi vers le village.

Je débouche enfin dans l’aire d’arrivée où je retrouve ma famille après 3h37’56 » de course. Rémi, Vincent puis Arnaud me rejoignent quelques minutes après et chacun y va de sa franche accolade. Vraiment content de débuter la saison de cette façon et d’inscrire mon nom au palmarès du trail d’Avenas. Je croise des personnes du village pas vues depuis de nombreuses années tout heureux de voir un ancien avenaudis remporter leur trail. Quel beau moment j’ai passé durant cette matinée ! De quoi être motivé pour les objectifs futurs que je me suis fixé …

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