Ca fait depuis un moment qu’on a envie de courir ensemble avec Olivier la Pierra Menta d’Eté, course de 3 jours en binôme sur les sentiers alpins du Beaufortain. On avait adoré courir ensemble en début de saison le One & 1 et malgré quelques bobos ces dernières semaines (opération du genou pour Olive et douleur au talon pour moi) nous arrivons motivés au départ de cette épreuve qui regroupe un beau plateau international de coureurs de haut niveau.

Retour sur 3 jours inoubliables !

Etape 1 : 27.5km / 2525m D+

A 6h15 le départ est donné dans une ambiance rock’n roll avec musique à fond !

Ca frotte dans la traversée descendante d’Arêches, il faut faire attention à ne pas tomber et ne pas se laisser griser par la vitesse dans le premier kilomètre. On parvient à remonter dans les 15 premières équipes avant d’amorcer la longue montée vers Roche Plane (2166m). Nous sommes en file indienne et prenons rapidement de la hauteur. Les sensations ne sont pas terribles et je n’arrive pas à emboiter le pas des quelques binômes qui nous doublent dont deux équipes mixtes (PESSEY IRIS / ALTMEYER HUGO) et (ROUX JULIE / LAUDIER EDOUARD) assez impressionnantes. Heureusement les bâtons pour lesquels j’ai opté me sont bien utiles et me permettent d’imprimer un rythme correct. Le passage vers le lac Couvert nous permet de relancer un peu en trottinant et nous voilà bientôt dans la partie finale de Roche Plane plutôt aérienne où nous devons nous aider des mains pour crapahuter. Au sommet après 1h08 de course nous voilà en 20ème position.

Pas trop le temps de regarder le panorama même si nous ne pouvons nous empêcher de jetter un oeil sur le splendide décor qui s’offre à nous à cette altitude. La descente vers le lac du Corbeau plutôt coriace nous fait perdre pas mal de temps sur les équipes qui nous précèdent. Avec son genou encore un peu timoré et ma forme chancelante nous donnons l’impression de bébés faisant leurs premiers pas …

Heureusement la descente n’est guère longue et nous voilà à nouveau en train de grimper en direction de la Légette du Mirantin (2353m). Le déplacement n’est pas aisé sur l’énorme pierrier où chaque pas peut être fatal. Olivier me précède toujours comme depuis le départ et imprime le rythme.

On ne va pas très vite mais la pente s’est cabrée méchamment et nous avançons maintenant telles des chèvres (chamois aurait été un peu prétentieux). Des passages sont sécurisés à l’aide de cordes sur lesquelles nous nous accrochons. Au sommet pas le temps de souffler, c’est direct dans la descente. Rebelote, on descend comme des manchots , heureusement qu’il y a quelques névés pour se mettre sur les fesses ! Une nouvelle équipe mixte nous double à fond la caisse, la paire espagnole CASAJUANA ESTER / GERARD MANGRANE et disparait rapidement.

Au bout de 2h de course et 10,5km nous voilà arrivés au premier ravitaillement. Il était temps car il fait chaud et nos bouteilles sont vides depuis un moment déjà. On ne tarde vraiment pas, le temps de faire le plein et de grignoter quelques fruits secs et morceaux de bananes. A la sortie du ravito où l’on contrôle que nous repartons bien avec 1 litre de flotte, une large piste sur un bon kilomètre nous permet de trottiner un peu à la folle vitesse de 11km/h ! Mais déjà se dresse devant nous le Mont Mirantin (2460m) que nous devons désormais rejoindre. Ca grimpe crescendo, d’abord dans un alpage sans difficulté technique puis à nouveau sur une arête où nous devons nous attacher. On revient petit à petit sur quelques duos et franchissons le sommet en 21ème position.

Là commence une magnifique traversée sur une arête rocheuse. A gauche le massif du Beaufortain et le Mont Blanc majestueux, à droite tout en bas la vallée et la ville d’Albertville dont les habitations paraissent minuscules. Et droit devant la Pointe de la Grande Journée. Il nous faut presque 30 minutes pour venir à bout des 2,5km qui nous en séparent, c’est dire la difficulté pour courir par ici ! L’hélicoptère qui tournoie juste au dessus de nos têtes nous gâche un peu la quiétude que nous pourrions logiquement ressentir en ce lieu mais il nous rappelle aussi que nous sommes là pour une compétition et pas pour ramasser des fleurs ! Au sommet nous retrouvons quelques névés qui malgré mes talents de skieur ne me posent pas trop de soucis.

Dans la descente vers le col de la Bathie l’organisation a eu la bonne idée d’acheminer de l’eau et ce sont 2 bouteilles de 50cl chacun qui nous attendent pour faire le plein. La suite de la descente est semblable au début de course et toujours aussi laborieuse. Mais en perdant de l’altitude le tracé devient moins technique et l’on peut alors un peu allonger la foulée. Il ne reste désormais pratiquement que de la descente jusqu’à l’arrivée et les kilomètres défilent un peu plus vite. Au bout de 4h nous arrivons au Planay où nous pouvons à nouveau nous hydrater en coup de vent.

Il reste à peine 4 kilomètres et je suis plutôt content d’avoir « survécu » à cette première étape même si nous espérions un peu mieux niveau classement. Mais alors que nous pensons en terminer tranquillement, je suis terrassé par une crampe à l’adducteur droit qui m’oblige à m’arrêter. Ca fait marrer mon co-équipier car c’est plutôt souvent lui qui est sujet à ce genre de chose. Il m’arrose la jambe avec de l’eau fraiche et tout en essayant de ne pas trop rigoler m’encourage ! J’arrive à faire passer cette pu…ain de crampe et à reprendre un rythme de course correct dans le final. Nous arrivons enfin à Arêches et franchissons la ligne d’arrivée après 4h19’53 » de course en 20ème position car une équipe a abandonné dans la descente.

Etape 2 : 27.8 km / 2910m D+

Samedi matin au départ de la 2ème étape nous sommes remontés à bloc pour faire une « grosse course » et effacer la relative déception de la veille. Dès les premières minutes de course je sens que j’ai bien récupéré. Faut dire qu’on a fait ce qu’il fallait avec Olivier depuis hier. Bonne hydratation, massage, électrostimulation, cryo dans le bassin à l’arrivée, coucher de bonne heure, fruits secs, boisson de récupération, jambes en l’air et j’en passe … Les premiers kilomètres nous amènent au Planay sur un sentier vallonné en forêt. Ca grimpe un peu mais on peut courir quasiment tout le temps. Nous sommes pointés autour de la 6ème position lorsque nous traversons la petite station du fond de vallée et attaquons la longue montée vers Tête Rouge. Des équipes reviennent sur nous mais contrairement à hier j’arrive à rester au contact. Nous sommes 7 ou 8 équipes ensemble à avancer en file indienne dans un décor magnifique. Edouard Laudier qui tracte sa chérie Julie Roux fait le rythme et nous sommes bien content de cette locomotive. On prend rapidement de l’altitude, faut dire que les pentes sont sévères et je suis bien content d’avoir opté une fois de plus pour les bâtons. Au ravitaillement du Col de la Forclaz nous passons en 11ème position pas très loin de la 9ème équipe, la paire espagnole FRANCISCO JAVIER RODRIGUEZ BODAS / GIL GARCIA ALFREDO 3ème la veille.

Bon on perd un peu de temps dans la courte descente trop technique pour nous vers les lacs Cornu et Seston mais personne ne revient de derrière, signe qu’on s’est amélioré depuis hier. On a toujours en point de mire Edouard et Julie et dès que le pente s’accentue nous revenons progressivement sur le duo. Une spendide traversée sur un immense névé blanc immaculé s’offre à nous tandis que se dresse devant la Pointe du Dard que nous devons grimper et sur notre gauche le mythique Grand Mont (2633m), point culminant de l’épreuve. Entre les 2, une vertigineuse descente, d’abord sur une arête hostile puis dans un couloir herbeux et glissant qui nous posent quelques sueurs froides … Olive qui a un petit coup de mou attaque la descente au ralenti et 3 équipes nous doublent sans que nous puissions prendre le sillage. Je ne suis pas très à l’aise non plus mais on arrive enfin tout en bas au Chalet de Chizeraz sans encombre. On y fait le plein d’eau avant d’attaquer le gros morceau de la journée, l’ascension du Grand Mont par la face sud.

En levant la tête on devine tout en haut la croix en bois installée au sommet. Mais elle est bien petite vu d’ici et il nous faut plus de 50 minutes pour atteindre le sommet. C’est raide, c’est dur, il fait chaud, on est souvent à quatre pattes mais c’est beau !

Malgré l’effort on savoure le plaisir de pouvoir évoluer dans un tel décor. En nous retournant on se rend compte qu’il y a quelques équipes qui ne sont pas loin derrière et qu’il ne va pas falloir molir dans le final. Le sommet est atteint après un passage encordé sur une l’arête sommitale dans une ambiance digne du Tour de France : spectateurs en liesse, hélicopètre au-dessus de nos têtes et son de cloches. Nous sommes 14ème au sommet, plus qu’à descendre jusqu’à l’arrivée …

Dès les premières centaines de mètres la paire BUINOUD CORENTIN / GERMAIN VICTOR nous passent et les passages en névés où il faut faire parler ses qualités de skieur ne me permettent pas de rester au contact. Je sens bien qu’Olivier voudrait aller plus vite et je prends mon courage à deux mains pour essayer de passer sans tomber les nombreux passages sur la neige. Et finalement je ne m’en sors pas si mal et même si quelques passages sont négociés sur les fesses je reste debout la plupart du temps. Nous retrouvons le Col de la Forclaz et son ravitaillement où nous pouvons faire un ultime remplissage de bidon et manger un peu. Les bénévoles sont aux petits soins pour nous aider, c’est top. Les tables sont aussi bien garnies et c’est génial d’y trouver des bons fruits secs, de la St Yorre, du Beaufort mais aussi et surtout des pom’potes. J’en avale une bien fraîche et j’en tends une à Olivier en lui disant que c’est enrichi en acérola (c’est marqué dessus) et que ça va nous permettre de finir l’étape en trombe !

Je ne sais pas si c’est l’acérola, mais on repart vite du ravitaillement et on dévale la piste sous les téléskis à bonne vitesse. On a une équipe en point de mire, puis une deuxième. Ca nous booste et contrairement à hier nous sentons qu’on peut finir vite car les jambes répondent bien et semblent solides. De toute façon nous n’avons guère le choix car nous sommes aussi talonnés par plusieurs équipes. Au Cuvy nous laissons les pistes pour nous enfoncer dans la forêt sur un single étroit. Ca descend très raide mais le sol est souple sans guère de danger et je suis plus à l’aise et parvient à suivre mon co-équipier qui s’en donne à coeur joie. On revient sur Corentin et Victor, puis sur Edouard et Julie et enfin sur la paire BONDURAND MATIS / HALGRAIN NICOLAS, ça sent la place de 11ème à quelques minutes de l’arrivée mais c’est sans compter sur le finish encore meilleur de Nicolas Duhail et Mathieu Bourguignon qui nous doublent juste avant l’arrivée !

Pas grave, nous sommes refaits ! 12ème de l’étape reine en 4h24’36 » après un final de fou, on est vraiment content et satisfait !

Etape 3 : 19km / 1590m D+

Dimanche matin c’est l’ultime étape sur un format court et nerveux autour d’Arêches.

Encore une fois ça part vite aidé en cela par la fougue des quelques équipes de jeunes qui se sont ajoutées aux 249 équipes encore en course. On a décidé avec Olivier de tout donner aujourd’hui afin de ne pas avoir de regrets. Les jambes sont lourdes sur la section de route en faux plat montant menant aux Envers où nous attaquons la grosse grimpette sous le télésiège du Cuvy. Olivier est assez facile contrairement à moi qui cravache un peu. Mais les bâtons que j’ai finalement pris ce matin malgré une petite hésitation me permettent de pousser sur les bras et de relancer sans arrêt. Mon pote me motive et m’encourage à ne rien lâcher. Contrairement aux autres étapes on aperçoit toujours la tête de course pas très loin devant, c’est assez grisant.

Après un peu plus de 600m de D+ on bascule dans la forêt pour une belle descente tout en esses. Un peu fatigué, je trébuche sur une racine et m’affale au sol. Je me relève vite et reprends la course sans bobo mais j’ai cassé un bâton dans l’affaire et je vais devoir faire sans par la suite. Je pinaille un peu à ranger mon bâton dans ma ceinture et je le fais même tomber au sol ce qui énerve un peu mon Olivier qui est remonté à bloc pour bien faire aujourd’hui ! Finalement on retrouve notre rythme de croisière et attaquons bientôt la section montante menant au pied du couloir de la Roche Parstire. Nous sommes accompagnés comme hier de Edouard et Julie mais aussi des frères Eveque Mourroux les locaux, de la paire Duhail-Bourguignon et QUILLERY ARNAUD / MERLET YANNIS. Le top 10 semble possible aujourd’hui et ça me motive à relancer malgré la fatigue bien présente. Chaque seconde compte et Olivier prend quelques longueurs d’avance à l’approche du ravitaillement avec un bidon que je lui ai laissé afin de me le remplir et éviter que je ne m’arrête.

L’ascension vers la Roche Parstire est vraiment compliquée. Sans batôns je pioche et les cuisses me brûlent. Olivier calé derrière moi me pousse et m’encourage. Les autres équipes ne semblent pas beaucoup mieux que nous et finalement les positions restent assez figées jusqu’au sommet.

Là-haut c’est du délire avec un couloir de spectateurs nous encourageant en criant et en secouant des cloches. Du coup on reprend la course sans temps mort sur le très beau sentier en arête au-dessus du Lac de Roselend. Nous sommes 10ème et il ne reste que 6,5km de descente jusqu’à l’arrivée.

Les frères Eveque Mourroux puis la paire Duhail- Bourguignon reviennent sur nous et Olivier leur emboite le pas. Hélas malgré ma bonne volonté je n’arrive pas à aller plus vite, la fatigue est là, j’ai l’impression que mes chevilles vont se tordre à chaque pas et ma tête me dit de ne pas tout gâcher par une chute si proche de l’arrivée. Au col du Pré, Olivier m’attend et un passage en faux plat montant sur une large piste me permet d’accélérer un peu et de redoubler les frérots. Mais ce matin le sort s’acharne et c’est un de mes lacets qui s’est défait et m’oblige à m’arrêter quelques secondes pour les refaire. Olivier m’engueule presque, il ne faudrait pas un quatrième jour de course sous peine de crise conjugale !! Au final ça ne change pas grand chose car je ne peux de toute façon pas suivre l’allure des coureurs locaux dans l’ultime descente vers Arêches. Ma cheville gauche part en vrille sans conséquence mais c’est un petit rappel à l’ordre qui m’incite à la prudence jusqu’au bout. L’arrivée en vue et nous arrivons enfin au village après 2h09’34 » d’une course intense à une nouvelle 12ème place.

Au final nous prenons la 15ème place du général de cette 5ème édition de la Pierra Menta d’Eté. Pour mieux faire il aurait fallu être mieux lors de la première étape et plus efficace en descente. Mais on s’est régalé durant ces 3 jours et c’est bien là l’essentiel !

Merci et grand bravo à toute l’équipe de la Pierra Menta d’Eté.

CLASSEMENTS