Après un premier weekend de janvier passé sur les skis en compagnie du team Trace De Trail, cap sur le Cambodge mi-janvier pour participer à l’Ultra Trail d’Angkor. Une parenthèse au milieu de l’hiver. Mais quelle parenthèse ! On vient à Siem Reap pour courir, mais on se retrouve plongé dans un vrai moment de découverte et de partage, au coeur d’une campagne cambodgienne surprenante et tellement accueillante… retour sur ce très beau périple au pays des khmers !

Commençons par le voyage, réalisé en famille. Nous sommes hors vacances scolaires, mais l’apport culturel vaut bien un peu de rattrapage des devoirs entre deux vols ou au bord de la piscine 😉 Après 15h de voyage, une escale au Vietnam et 6h de moins au compteur, nous voilà à Siem Reap, deuxième ville du Cambodge, à deux pas des célèbres Temples d’Angkor.  Nous posons les valises à l’hôtel Angkor Paradise et troquons rapidement les pantalons et baskettes pour les maillots de bains et sandales. Le choc thermique est rude (30° d’écart), mais au milieu de l’hiver, cette parenthèse estivale est bien appréciable !

Les cinq premiers jours sont consacrés à la découverte de la province de Siem Reap, la vie actuelle des habitants de la région et la richesse historique des lieux. Les excursions sont très variées entre sortie en bateau sur le lac Tonlé Sap, visite des Temples d’Angkor, randonnée dans la jungle et visite d’ateliers locaux d’artisanats.

Les fin de journées permettent de profiter des ambiances de rues de Siem Reap (marché de nuit, tuk-tuk…) ou de se reposer tout simplement au bord de la piscine, par une température de 28-30 degrés ! Et avec un peu de courage et d’audace, on se laisse tenter par un repas à base d’insectes, de mygales ou de scorpions ou, plus soft, les burgers de croco’. Il y a aussi les massages par les poissons qui vous asticotent les pieds 😉 De notre côté, nous n’avons testé que le dernier… !!

 

Après cinq jours de visite, place à la course ! Nous remettons notre casquette Trace De Trail pour réaliser un dernier briefing d’avant course pour l’utilisation de l’application TrailConnect. Trace De Trail est partenaire de l’UTA et les coureurs pourront grâce à l’appli se localiser à tout moment sur le parcours, contacter l’organisation en cas de problème ou encore profiter du suivi live pour être suivi par leurs proches tout au long du parcours.

 

Dans la soirée, les coureurs du 128km partent de l’hôtel en tuk-tuk pour rejoindre la terrasse des Éléphants sur le site des Temples d’Angkor. Ambiance garantie ! Nous assistons au défilé des tuk-tuk avant d’aller dîner et, de mon côté, boucler mon sac pour le 64km. J’emporte notamment du sel pour ajouter dans mes bidons d’eau en prévision de la chaleur.

 

2h50, le réveil sonne. Ça pique un peu mais le petit déj’ en compagnie de Greg, Sylvaine, Sébastien, Dimitri et Eva finit de me réveiller ! Un message de Matthieu (qui court le 128km) nous rappelle qu’il fait très chaud, même pendant la nuit et que la gestion de l’hydratation n’est pas simple (trop boire d’un coup remplit vite l’estomac !). Nous prenons la navette à 4h pour rejoindre le site de départ où nous arrivons 30 minutes plus tard dans une belle petite ambiance. Il fait chaud (env. 26-28 degrés), ce qui présage des températures encore plus élevées une fois le jour levé…

Le départ est donné à 5h et nous nous enfonçons rapidement dans la jungle à la lueur des frontales. Je parts en 3ème position derrière Alekseeva Ekaterina et un gars. Pour la p’tite histoire, Alekseeva (Bielorusse) va littéralement pulvériser la course en 5h07 pour arriver 40’ devant le 1er homme…!!

Sur ces premiers km, ils mènent un rythme d’env. 14-15km/h et je les laisse sagement prendre le large pour me caler sur un rythme plus raisonnable de 12km/h. Et au bout de quelques minutes, je me retrouve seule. Argh, moi qui ne voulait pas courir seule de nuit, au milieu de la jungle… ben me voilà servie ! Sébastien Bertrand (organisateur de « Quenn of the Jungle » en Thaïlande) me double au bout de 3km environs et pendant un bon kilomètre j’aperçois la lueur de sa frontale au milieu de la végétation. C’est magnifique ! Finalement, je me plait à courir seule de nuit sur ce sentier qui serpente au milieu de la végétation, avec pour seul bruit celui des perroquets et autres oiseaux. J’ai emporté la caméra et n’hésite pas à la sortir pour essayer de capter ces ambiances magiques !

 

Après 9km (48’ de course), premier ravitaillement. Je prends le temps de recharger en eau avant de repartir en compagnie de trois coureurs qui m’ont rejoint. Nous quittons la forêt et courrons à présent au milieu de la campagne. Nous assistons à un magnifique lever du soleil sur les rizières vers 6h30. Le terrain est sablonneux par endroits et les appuis sont plus fuyants. Les garçons, plus à l’aise à ce petit jeu que moi, prennent progressivement le large. Mais peu importe, continuer seule me convient très bien et finalement, ne pas être dans le rythme d’autres me permet de plus librement sortir ma caméra pour filmer quand bon me plait !!

Le jour se lève, les paysages défilent et les villages s’animent. Il fait encore bon (ou plutôt la chaleur est encore supportable) et je profite pleinement de ce parcours qui est pour l’instant très varié et vraiment très sympa. Les traversées de village permettent de rencontrer les villageois, tout sourire ! On découvre le cœur de la campagne cambodgienne. Sur le chemin, j’accompagne même des enfants allant à l’école au petit matin 😉

Il est 8h, et la température commence sérieusement à monter. Il fait plus de 30°C : on entre à présent dans une deuxième phase de course, où il faut à présent gérer avec la chaleur. Moi qui crains la chaleur, je suis servie !! Comme prévu, j’ai pris une bouteille supplémentaire au dernier ravito mais difficile de la tenir, elle glisse dans les mains tellement que je suis trempée ! La montée raide des marches de la colline de Phnom Bok pique un peu après 30km à courir sur un terrain plat mais le sommet en vaut le détour ! On découvre un temple que je prends le temps de visiter avant de redescendre par un sentier caillouteux.

La suite du parcours se fait à travers la campagne et les villages comme depuis le début avec une alternance de sentiers, chemins et pistes au milieu de paysages aussi divers que variés. Je profite. Je filme. On a rejoint depuis quelques temps maintenant les coureurs du 40km et à présent du 32km. Je rattrape progressivement quelques personnes du groupe qui s’est formé depuis le début du voyage, ce qui est très sympa ! C’est l’occasion de quelques encouragements réciproques et de pauses selfies.

Nous avons rejoint les Temples qui à présent jalonnent le parcours. Nous les longeons ce qui permet de les revoir encore sous un autre angle que durant les visites des derniers jours.

Plus les kilomètres défilent, plus j’ai du mal avec la chaleur. Allonger la foulée devient difficile et je finis par m’autoriser une alternance marche / course, au gré des kilomètres et des rencontres. Je prends le temps de m’arrêter pour discuter avec six enfants m’offrant des petits paniers « fait maison » avec une feuille de bananier et un morceau de bois, dans lequel ils ont posé fleurs et fruits.

Ou encore de courir avec des fillettes hautes comme 3 pommes m’accompagnant au milieu de leur village !

 

Ça fait maintenant 5 bonnes heures que l’on court. Je sens bien que le manque d’entrainement me fait défaut et que les températures n’arrangent pas les choses. Mais pas de déshydratation, simplement une bonne fatigue qui s’installe. Au détour d’un chemin, je fais un bon de 3 mètres en croyant être sur le point de marcher sur un serpent. Roooh ma hantise !!! Mais ce n’est qu’une racine et j’en serai quitte pour une belle frayeur !! Mais de nouveau quelques minutes plus tard, un nouveau bon de 3 mètres : là c’est bel et bien un serpent. Fin, noir et brillant… mmmh comme je les aime ! Je ne sais pas qui a été le plus effrayé entre lui et moi. Mais je me dépêche de passer mon chemin et reviens pendant l’espace d’un instant sur une base de 15km/h !!

A 10km de l’arrivée, au détour d’un chemin je retrouve Sébastien, qui accuse le coup comme moi. Courir ensemble permet de redonner un petit rythme de course. Nous ferons ensemble quelques kilomètres puis le yoyo au rythme des allers et arrêts de chacun 😉

Finalement, je retrouve mes loulous et le p’tit fan club du séjour devant la dernière ligne droite avant l’arche d’arrivée. Et c’est main dans la main avec les enfants et sous une  belle ambiance et un grand soleil que je franchis cette ligne d’arrivée en 6h50. 5ème place, 2ème fille mais surtout 64km de découverte et de bonheur… même si la chaleur a fortement compliqué les choses ! Très heureuse d’avoir couru cette belle 3ème édition.

En conclusion, je ne peux que remercier Jean-Claude et toute l’équipe d’organisation de l’Ultra Trail d’Angkor pour ce parcours et ce séjour aux petits oignons ! Un balisage et une sécurité impeccable, et un tracé de toute beauté. Avant de venir j’imaginais un parcours relativement plat et monotone, sur piste. Et dès les premières foulées, on comprend que c’est tout sauf ça : on découvre un tracé aux paysages et aux terrains très variés, offrant toujours quelque chose à voir ou à découvrir. Une véritable immersion au coeur de la campagne profonde. Certes, le profil plat et la chaleur compliquent fortement les choses quand on est habitué comme moi au dénivelé et aux températures fraiches. Mais pourquoi ne pas laisser de côté le chrono pour profiter simplement de l’instant présent ? « Si courir était le seul but, nous passerions à côté de moments inoubliables ». La devise de l’organisation prend tout son sens au coeur de cette campagne cambodgienne si belle. Quel bonheur d’avoir couru cette course ! Le soleil au coeur de l’hiver !