Elle portait vraiment bien son nom cette première édition de l’Hivernale des Templiers. Quand je m’y suis inscrit en début d’année en découvrant les beaux clichés du plateau du Larzac et ses rochers atypiques je savais que je ne le regretterai sûrement pas même si je devais dès lors renoncer à ma chère Saintélyon. Mais je n’imaginais pas courir sur un parcours autant enneigé et par des températures aussi glaciales. Car c’est bien un -7°C qui nous cueille à la descente du bus à la Couvertoirade, petite cité médiévale occitane. Mais comme dirait l’autre, il n’y a pas de mauvais temps il n’y a que des mauvais textiles ! Et avec un sous-maillot manches longues Craft Be Extreme Windstopper en seconde couche, un t-shirt classique par dessus et un coupe-vent léger je sais que je ne devrais pas avoir froid. Le profil est plutôt plat pendant les 23 premiers kilomètres et en courant vite nous devrions vite nous réchauffer !

photo Greg Alric

A 6h45 nous voilà près de 700 pionniers amassés au pied des remparts de la Couvertoirade. Malgré l’étroitesse des lieux tout se passe bien et je peux me placer sans problème en première ligne en compagnie de mon ami Seb Gallée. Une poignée de main à Thomas Cardin, le récent champion de France Espoir et à Yoann Stuck un autre favori de l’épreuve et le départ est donné pour une soixantaine de kilomètres et près de 2000m de dénivelé.

photo Gilles Guillot

Nous faisons un tour dans le village aux pavés verglacés avant de repasser sur la ligne d’arrivée puis rejoindre le GR71. Thomas mène la danse et nous sommes 5 ou 6 coureurs à le suivre sur une alternance de singles étroits, de chemins plus larges et de petites routes. La neige immaculée et la lune pleine font qu’on y voit plutôt bien même si la frontale est de rigueur durant les premiers kilomètres. La mienne me lâche très vite et je dois compter quelques instants sur le faisceau de mes compagnons de route. Parmi eux Arnaud Lejeune et Pierre-Laurent Viguier mais aussi mon Seb ainsi que 2 gars que je ne connais pas. Nous filons bon train sur un parcours bien agréable. A l’occasion d’un virage à 180° nous pouvons observer un serpentin de ronds lumineux à notre poursuite. Plus loin c’est le lever du soleil donnant à l’horizon une teinte rouge orangé qui nous émerveille. Enfin surtout Thomas qui est bien le seul à pouvoir parler tant il est facile et qui se permet même le luxe de nous fredonner la BO de Star Wars ! Il ne tarde pas à prendre le large suivi par Théo Lothodé.

photo organisation

Je me retrouve alors en poursuite avec Viguier et Ludovic Greppi et arrivons ensemble à Fondamente après une descente plutôt technique bien négociée. Presque 13km/h de moyenne pour 23km, nous n’avons pas trainé pour arriver à ce premier ravitaillement. Je ne m’y arrête que quelques instants pour remettre à niveau ma bouteille de boisson, prendre quelques morceaux de bananes et me faire aider par un spectateur pour ranger mon coupe-vent dans mon sac. Viguier en mode formule 1 est déjà loin quand je quitte le ravitaillement et attaque une longue montée. Pas de supers jambes à ce moment là, j’ai du mal à trottiner et je marche une bonne partie de la côte en essayant tant bien que mal de relancer sur les parties plus planes. Malgré cela je reviens sur Lothodé à la faveur d’une partie hors-piste qu’il ne semble guère apprécier. Je l’encourage à prendre mon sillage mais c’est seul que je continue ma progression sur un rythme plutôt correct.

Le parcours est exceptionnel et je me régale à courir le long de la falaise surplombant le cirque de St Paul des Fonds. Je plonge vers le village par une belle descente en esses et une fois en bas attaque de suite une nouvelle côte. C’est à ce moment là que me rattrape Yoann Stuck, parti prudemment mais en train de faire un gros retour. Il m’invite à le suivre dans cette côte qui selon lui se court plutôt bien. Mais n’est pas Stuck qui veut et je dois me résoudre à le laisser s’enfuir et à tracer ma route seul, en 5ème position. Elle est bien cette montée caillouteuse en lacets sous une magistrale falaise et malgré un rythme plutôt proche de la randonnée que de la course à pied je prends vite de la hauteur. Une fois hissé sur le plateau je cours à nouveau et arrive rapidement au ravitaillement du Viala du Pas de Jaux (km41). Le ravito se tient à l’intérieur du château et je suis servi chaleureusement par un chevalier des templiers. Je refuse poliment la crêpe proposée ainsi que la soupe et me contente de quelques dattes et d’eau dans ma bouteille. J’essaie de perdre le moins de temps possible et ressors du château alors qu’aucun autre coureur n’y est arrivé.

photo André Pierrat

Une longue partie à découvert sur le plateau du Larzac balayé par le vent s’offre à moi. Personne à l’horizon, ni devant ni derrière, je suis absolument seul dans ce chaos désertique où il faut avancer coûte que coûte. Au loin je distingue le fameux rocher totem de l’affiche de la course, celui que je vois chaque fois que j’ouvre mon frigo depuis plusieurs mois 🙂 ! Il grossit au gré des kilomètres avalés pour s’en rapprocher et je peux enfin le toucher après un court passage d’escalade au milieu de la roche.

photo organisation

Une descente plutôt technique et un court passage insolite dans un sous-bois sans aucune trace de neige m’emmène au dernier ravitaillement à Lapanouse-de-Cernon où je ne m’arrête pas. C’est l’effervescence dans ce village où converge aussi le Marathon de l’Orchis. Fini la solitude du coureur de fond, je me retrouve au milieu d’une longue file de coureurs et coureuses. Je devrais doubler régulièrement mais je commence sérieusement à manquer d’énergie et si les kilomètres sont passés assez vite jusqu’à présent ce n’est plus le cas désormais. Je marche dès que ça monte et ça ne fait quasiment que monter ! Par moment je trouve un peu la force de relancer et doubler et je mets à profit les courtes descentes pour accélérer un peu et tenter d’éviter le retour de mes poursuivants. Le final est dur mais reste magnifique avec le passage devant la grotte des Maquisards et le survol de vautours au-dessus du Roc de Fabre.

Sans prévenir un coureur plutôt fringuant me double et me sors de ma rêverie. Bon le top 5 auquel je m’accroche depuis un moment semble s’envoler d’autant que je suis encore dépassé par d’autres coureurs qui ont eu la bonne idée de mettre leur dossard sur leur sac. Je me rends compte alors qu’il s’agit de participants de l’Adonis Trail (24km). Bonne nouvelle qui me booste, je parviens à m’accrocher à leurs basques sur une traversée assez roulante. La descente dans le cirque de Tournemire se passe bien, je n’ai plus beaucoup d’énergie mais musculairement ça va. Il ne reste plus que la montée de 300m+ sur le Combalou avant de pouvoir me laisser glisser vers Roquefort. Qu’est ce que c’est long pour arriver là haut … Mais après avoir vécu l’UTMB j’arrive à relativiser les distances 🙂 ! Au sommet on nous annonce 1,5km avant l’arrivée. C’est en fait 3km dont on ne voit pas le bout. On croit être arrivé alors que nous dévalons les nombreuses marches d’escaliers de Roquefort mais il faut encore courir un peu pour rejoindre la salle des fêtes dans laquelle a lieu l’arrivée. Enfin j’entends la voix de Christopher Hardy le speaker qui annonce mon arrivée en 5ème position. Je suis content de rentrer dans la salle surchauffée et de gravir le petit escalier en bois permettant de se hisser sous l’arche installée sur la scène.

Il m’aura donc fallu 6h15′ pour boucler les 64,5km et 2400m+ de cette première édition de l’Hivernale des Templiers. Satisfait d’être arrivé au bout sans encombre même si, chose rare me concernant, je n’étais pas loin de l’hypoglycémie à l’arrivée. Les tartines de roquefort/figues avalées au buffet peuvent en témoigner ! J’ai pris des risques en partant plutôt vite mais je n’étais pas très efficace dans les côtes, aptitude un peu délaissée dans ma préparation. Finalement je ne suis qu’à 15′ de Pierre-Laurent Viguier et 10′ de Yoann Stuck ce qui est plutôt pas mal pour moi. Par contre l’écart est énorme avec le monstrueux mais néanmoins sympathique Thomas Cardin qui survole l’épreuve. Le palmarès de l’Hivernale s’ouvre de belle façon si on y ajoute la pétillante Sandra Martin qui s’impose chez les filles. Une épreuve à faire sans hésiter !

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