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Nous voilà à quelques minutes du départ de la 63ème SaintéLyon. Pour moi c’est ma 4ème fois en solo mais ma dernière participation remonte à 2012. Cette année là Yoan prenait pour la première fois le départ et n’a depuis raté aucune édition. Autant vous dire que nous on l’aime cette course qui correspond assez bien à nos qualités physiques.

tracestltrace sur Trace de trail en cliquant sur la carte

L’objectif est clair en ce qui me concerne, me rapprocher le plus possible des 5h45 correspondant à 12,5km/h de moyenne pour 72km et pas loin de 1700m de dénivelé positif. Yoan veut faire mieux qu’en 2015 (16ème en 5h56) et donc a grosso modo le même objectif que moi. Nous nous retrouvons sur la ligne à quelques minutes du départ, chacun ayant passé la journée à se préparer tranquillement chez des amis.

Il fait à peine 2°C mais j’ai opté pour une tenue light, corsaire en bas et sous-maillot Craft Be Active Extreme Windstopper + maillot léger et chasuble coupe-vent avec dossard en guise de première couche. Pour Yoan ce sera même short en bas, preuve qu’on est pas venus pour ramasser les châtaignes !

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A 23h40 le départ est donné pour 72km. Pas de surprise ça part vite avec certains relayeurs n’ayant que 16km à courir jusqu’au premier passage de relais à St Christo. De suite je me cale à l’allure que je sais pouvoir tenir sur le plat sans fatiguer trop vite, c’est à dire un peu moins de 16km/h ! Je me sens bien et cours au côté de Yoan, Cédric Gazulla, Alex Laville et Yoann Stuck avec qui j’échange quelques mots. Les kilomètres défilent vite et nous sommes encouragés par de nombreux spectateurs le long des larges boulevards malgré l’heure tardive. Déjà Sorbiers qui annonce les premiers chemins et l’entrée dans la nuit noire et brumeuse. La première petite côte dans le village me rassure sur ma forme, tout va bien et le départ a bien été encaissé. Je ne suis pas venu reconnaître cette section menant au premier ravitaillement et il y a eu pas mal de changements depuis ma dernière participation en 2012. C’est beaucoup plus vallonné avec une succession de 2 côtes. On discute pas mal avec Yoan, le but étant de ne pas nous emballer trop vite et d’arriver frais dans le final. Dans cette optique nous n’essayons même pas de suivre l’ami Alex Mayer (Team Isostar) parti prudemment qui nous passe tranquillement (il terminera 2ème) et un peu plus loin Benoit Charles-Mangeon, un autre habitué de la STL (il terminera 3ème). Ne nous occuper que de nous et rester dans notre bulle, tel est le leitmotiv ! Nous en profitons pour bien ressentir cette ambiance si particulière dégagée par le brouillard, le faisceau des frontales et les lumières de St Christo qui s’offrent bientôt à nous.

st-christo

Nous passons le col de la Gachet et arrivons au ravitaillement (16km 1h08). Séb Gallée qui me fait l’assistance toute la nuit m’y attend et l’échange de bouteille de boisson énergétique (Isostar Hydrate&Perform) se fait sans s’arrêter. Les quelques marches d’escaliers puis le raidard permettant de nous hisser au dessus du village sont négociés au petit trot et nous retrouvons ensuite une section plus roulante.

avecyoanstchristocrédit Photo Le Progrès

Stuck décide de mettre une bonne accélération et nous laisse sur place. Un panneau nous rappelle qu’il reste 55km. Ça peut paraitre beaucoup mais les sensations étant ce qu’elles sont je sens que ça va passer vite si nous continuons sur ce rythme. Nous doublons Matthieu Brignon (5ème en 2015) qui n’a pas l’air au mieux et continuons notre bonhomme de chemin sur le balcon surplombant la vallée du Gier. Désormais je connais le parcours puisque j’ai fait une reconnaissance il y a 3 semaines en partant de St Christo et je peux briefer Yoan sur les difficultés et le rythme à adopter. C’est pourquoi nous marchons dans la courte côte sur route nous menant sur les crêtes. L’important est de bien relancer sur les parties plus planes qui sont assez nombreuses. Nous sommes de plus en plus seuls, chacun ayant pris son rythme. Au gré du relief nous doublons ou nous faisons doubler par Cédric Gazulla plus à l’aise dans les côtes. Nous arrivons assez vite à Sainte Catherine (km28) après un peu plus de 2h de course. Nous doublons dans la descente caillouteuse et piégeuse menant au ravitaillement Cédric Célarier, encore un favori pas au mieux. Pour nous tout va bien !

Séb est là et je chope une bouteille à la volée puis un morceau de banane sur la table des victuailles. Pas de perte de temps, nous voilà déjà repartis avec Yoan. Une section bien casse-pattes nous attend avec une succession de descentes et côtes qui peuvent faire bien mal. La célèbre descente du Bois d’Arfeuille se passe bien, rien de trop compliqué quand on pratique un peu le trail ! La grosse nouveauté c’est la remontée du Rampeau, en plein coeur de la forêt avec des pourcentages assez impressionnants ! Une petite dizaine de minutes à grimper, en marchant les mains sur les cuisses. Et là c’est (presque) le drame. Des crampes apparaissent sur mes 2 mollets ! Illico je croque un comprimé de Sporténine et adapte ma foulée pour essayer de faire passer tout ça. Je sais qu’en général j’arrive à faire passer mes crampes mais là elles sont violentes … Je souffle bien et bois beaucoup et sur le haut j’arrive à relancer tant bien que mal et à rester au côté de Yoan et de Cédric qui vient de nous rejoindre. Dans l’ascension nous croisons Benjamin Steen le reporter du Progrès qui nous annonce que nous sommes autour de la 15ème place. Mais je suis un peu moins serein désormais et sais qu’il va me falloir boire beaucoup. D’autant que ça me titille aussi au niveau des adducteurs … Heureusement je ne suis pas obligé de m’arrêter, juste ralentir un peu pour soulager les muscles endoloris.

bois

Ma chance c’est que nous arrivons au ravitaillement de Saint Genou, en pleine campagne et que je peux y remplir une bouteille de St Yorre, la boisson anti-crampes avec sa multitude de minéraux. Yoan s’arrête plus longtemps que moi et plus loin je lève un peu le pied afin de l’attendre et récupérer un peu. Nous attaquons ensemble la descente du bois de la Gorge puis la remontée du Boulard. Cédric est plus à l’aise en côte et prend une centaine de mètres d’avance sur nous mais la descente suivante dans le Bois de la Dame nous permet de recoller. Rebelote dans la côte suivante où Cédric repart. Cette fois l’écart creusé est un peu plus conséquent et je ne suis pas au  mieux. Nous alternons course et marche et Yoan me distance à son tour. Cette côte je ne l’ai jamais aimée et cette nuit elle me le rend bien ! J’arrive tout de même à me faire violence sur le haut, à l’endroit où la pente s’adoucit. Je reviens sur Yoan et nous apercevons pas très loin les lumières de Soucieu en Jarrest. Le décor change, c’est moins nature mais assez sympa avec quelques maisons décorées de guirlandes lumineuses pour l’occasion. Les crampes me laissent tranquille et je peux allonger la foulée autour de 14km/h. Nous rattrapons une nouvelle fois Cédric et pas très loin devant il semblerait selon Yoan que ce soit Stuck. Nous retrouvons de nombreux spectateurs à l’entrée du ravitaillement ainsi que Séb prêt à me donner une bouteille de boisson énergétique. Il m’en reste encore un peu et je prends l’option de remplir à nouveau avec de la St Yorre. Bonne idée d’autant que de nouvelles crampes m’obligent à m’approcher de la table de ravito en marchant un peu en canard. « Respire yann, souffle yann !! »

Séb nous annonce dans les 10 premiers. Je repars assez vite du ravitaillement et prends très vite la décision de ne pas attendre Yoan qui d’ailleurs est peut être déjà parti. Il y a du monde avec les relais et les coureurs de la SaintExpress (partis de Sainte Catherine à 23h) que nous rattrapons et la course est un peu moins lisible. Il reste une vingtaine de kilomètres et c’est le moment de tout donner. Je repars vite et double désormais régulièrement du monde. Pas de solos mais c’est bien Yoann Stuck que je reconnais juste devant et sur qui je reviens mètre par mètre. Je recolle juste après la passerelle permettant de passer le Garon. Il m’annonce qu’on est en 6ème position. J’imprime le rythme jusqu’au pied de la montée des lapins que j’attaque à la marche. Yoan repasse devant, d’abord en marchant puis en trottinant et je dois le laisser filer. Je commence à accuser le coup et je ne suis pas super efficace quand ça grimpe. Heureusement c’est court et très vite je peux recommencer à courir et gagner Chaponost assez vite (5ème temps de la section Soucieu-Chaponost).

Pas d’arrêt, j’ai de quoi tenir les 10 derniers kilomètres. Je double constamment des coureurs et des marcheurs et par moment quelques coureurs me doublent. Vu la vitesse il ne peut s’agir que de relayeurs. En fait 2 coureurs solo (Yannick Heusey et Guillaume Porche) vont me passer sans que je m’en aperçoive. Mais de toute façon je ne peux guère aller plus vite et suis quoiqu’il arrive pleinement satisfait de ma course puisque je devrais terminer autour des 5h45.

Dans la terrible côte des aqueducs de Beaunant que je passe d’un pas rapide, Gazulla me rattrape. Je lui dis que nous sommes 7 et 8 (en fait 9 et 10 si vous avez suivi !) et cela a le don de le booster et il me colle une fulgurante accélération que je ne tente même pas d’imiter. Un peu plus loin c’est Steve Leclerc qui revient mais cette fois je m’accroche. Nous traversons ensemble le parc accrobranche de Sainte-Foy les Lyon. Steve accélère petit à petit et je sens les crampes pas loin. Il me distance sans que je puisse réagir. Pourtant je ne chôme pas ! Je passe 2 par 2 les marches d’escaliers menant le long du Rhône, il ne reste qu’un petit kilomètre avant d’atteindre l’arrivée. J’ai le sourire, l’objectif temps est atteint et je devrais terminer dans les 10 premiers … Je passe le pont Barre à 15km/h, longe la Hall tout aussi vite et pénètre enfin dans la Halle Tony Garnier. Ma maman et ma soeur sont là pour m’accueillir malgré l’heure (à peine 5h30 un dimanche !) . J’attends Yoan derrière l’arche d’arrivée et lorsqu’il arrive enfin après 5 minutes je n’ai pas vu d’autres solos en finir. Pour moi nous sommes 9 et 10 mais le classement qui s’affiche nous annonce 11 et 12 … Vous savez pourquoi !

avecyoanGood job mec !

Mais 11ème en 5h45’19 » à moins de 4′ de la 6ème place l’objectif est pleinement réussi. Il va juste falloir analyser le pourquoi de ces crampes qui m’auront malgré tout fait perdre un peu de temps (froid, mauvaise hydratation, nouvelle chaussures Hoka One One Instinct au faible drop …). Pour Yoan 12ème en 5h50’17 » le top 10 se rapproche et pourrait être atteint en 2017 pour sa 5ème participation …

CLASSEMENT 72KM SOLO

En tout cas nous avons pris du plaisir à courir ensemble cette 63ème édition de la SaintéLyon. Place à un peu de repos avant de préparer le prochain objectif !