A force de regarder le parcours côté cartes avec Trace De Trail, ça me trottait dans la tête de participer. Avec, sur le papier, un tracé qui attisait ma curiosité : une traversée d’un massif pour le côté aventure ; une multitude de lacs et des sommets à plus de 3000m pour le côté panoramas exceptionnels ; le passage au glacier de l’Etendard et l’arrivée à St Sorlin d’Arves pour le côté découverte ; une altitude moyenne de 2000m pour les globules rouges ; une distance et un dénivelé de 65km et 3900m pour le côté sportif. Qui plus est, à un mois tout juste de la CCC, c’est une course très bien placée pour peaufiner la préparation montagne. Bref, participer cette année était pour moi tout simplement naturel !
Dimanche matin, 5h15 j’arrive à Bourg d’Oisans sous un temps orageux. Il a beaucoup plu cette nuit et la météo semble très incertaine. Je crains que la course ne soit annulée compte-tenu des risques d’orage mais les organisateurs m’indiquent qu’une fenêtre d’éclaircie est annoncée le temps de la course. Le départ à 6h sous les trombes d’eau me laisse perplexe mais je découvrirai deux heures plus tard qu’ils avaient raison !
Départ pluvieux, départ heureux !
A la lueur des frontales, nous débutons par 4 km dans la plaine de Bourg d’Oisans pour rejoindre la montée de Villard Reculas. C’est parfait en guise d’échauffement. Ca patauge un peu mais ce n’est qu’un avant goût de ce qui nous attend ensuite.
La montée de Villard Reculas se fait par un petit sentier en sous bois, bien raide mais très agréable. 785m+ sur 4km, ça réveille ! Je suis contente de voir que les jambes répondent bien, malgré la bonne semaine d’entrainement passé à Vallorcine (90km et 6000m+ sur la semaine). La pluie cesse dans la montée et nous arrivons à Villard Reculas au bout d’une heure de course, au lever du jour, sous un ciel couvert mais sec. Je découvre ces lieux que je ne connais pas. Le cadre grandiose d’un petit village de montagne, à l’architecture typique, niché à flan de montagne, au milieu des alpages. Magnifique !! Un premier ravitaillement nous attend au col juste au dessus des dernières maisons, au son des sonnailles et des encouragements des bénévoles. Une très belle ambiance au petit matin ! Je prends le temps de boire un verre et poursuit en direction de l’Alpe d’Huez.
Encore 400m de montée puis nous profitons de 3 kilomètres de sentiers avec un profil plutôt plat jusqu’à l’Alpe d’Huez. Un peu de répit bien appréciable où je peux allonger tranquillement la foulée. Le sentier est sympa à courir et les panoramas sont magnifiques.
Arrivé à l’Alpe d’Huez, nous traversons la station sur des pistes plus larges et grimpons en direction du Lac Blanc, 5km plus loin. Le profil est par endroits en pente douce et j’alterne course et marche. Nous arrivons au lac Blanc sous un ciel couvert. Derniers télécabines et voilà le col du Lac Blanc (alt.2722m), où le troisième ravitaillement nous attend. Je replis les bâtons et prend le temps de recharger les bidons en eau avant d’entamer la longue et belle traversée du plateau des Petites Rousses. 8km d’une succession de petits lacs, sur un terrain très ludique où les rochers se mêlent aux zones herbeuses. Pas de sentiers, simplement une succession de cairns pour se repérer. La pluie des 48h dernières heures a gonflé de nombreux petits cours d’eau qu’il faut passer habillement pour ne pas se mouiller, ou tout droit, à gué, sans se poser de questions !
Col du Couard, km 28. Après une zone de crêtes, nous descendons sur le lac de GrandMaison, dans une zone d’alpage, encore ici très peu tracée. Je descends tranquillement et prend le temps de manger. On en est à 4h de course. Deux kilomètres plus loin, je vois le coureur juste devant moi passer un torrent, à l’aide d’une corde. Ah mince, va falloir mettre les jambes à l’eau. Ca ne m’enchante pas plus que ça…
C’est ici !!!
Le signaleur me dit d’être vigilante, il y a du courant. J’attrape la corde, mets un pied dans l’eau et… sans avoir le temps de comprendre le comment du pourquoi, je me retrouve retournée comme une crêpe, sous l’eau avec une main suspendue à la corde. Premier réflèxe : me relever rapidement et sortir de cette séance de cryothérapie le plus vite possible. Deuxième réflèxe : une fois sur l’autre rive, ouvrir le sac pour constater les dégâts. Avec la brasse coulée que je viens de faire, je crains le pire pour mon portable… Troisième réflèxe : me réjouir de voir que l’intérieur est 100% sec. Hi ha !! Bien contente d’avoir pris mon nouveau sac Oxistis, en test pour la CCC. Quel est l’ingénieur qui a eu la bonne idée de faire un sac Waterproof ??? Un grand merci à lui 😉 Je repars trempée, le coude en vrac mais le sac sec. C’est pas top, ça ?!
La descente se poursuit sur des pentes assez raides jusqu’au lac de Grand Maison avant de le longer sur 6 km pour rejoindre le ravitaillement suivant. Nous sommes accueillis sous les encouragements et le soleil. Je repars en direction du col de la Croix de Fer, d’abord en empruntant la route puis via un sentier en fond de vallon.
Crédit photo : Martine Robin
Arrivé au Col de la Croix de Fer (km 42), une ambiance tout aussi bon enfant nous attend. Je prends le temps de recharger en eau et j’attaque la montée au refuge de l’Etendard. La pente est très raide et, après 7h de course, ça fait mal. J’arrive avec plaisir au refuge, au bord du lac, au son des sonnailles.
Le temps dde manger un morceau, d’échanger quelques mots avec les bénévoles et j’attaque l’avant dernière montée du parcours. Le sentier, le long des lacs, entre les rochers, est magnifique mais étroit et technique et j’apprécie de marcher ! La boucle nous mène non loin du glacier et reviens au Col de la Croix de Fer, via une zone d’alpage toujours aussi sauvage et technique. Encore un superbe passage, tracé en mode « wild trail » 😉
Remontée au Col Nord des Lacs puis 3 km de descente pour revenir sur le Col de la Croix de Fer.
Col Nord des Lacs – Crédit photo : Marc Pariset
Je rattrape 3 coureurs à un kilomètre du col. Un dernier ravitaillement et nous basculons sur le village de St Sorlin d’Arves, que je découvre pour la première fois. La vue est magnifique, avec les aiguilles d’Arves au loin, les alpages et l’architecture du village, typique de Savoie.
Dernière remontée au dessus du village, un trailer est non loin devant mais je finis tranquillement, préférant finir sans me mettre dans le rouge pour récupérer plus vite en vue des derniers entraînements avant la CCC. Je franchis la ligne d’arrivée au bout de 9h13′ de course, au milieu des coureurs du petit trail de l’Etendard, regroupés pour la remise des prix. Je suis accueillie dans une ambiance extra, sous le soleil, c’est juste top !
Après une bonne douche, je profite du repas concocté par les bénévoles, excellent ! L’orage éclate et la pluie qui nous a laissé tranquille juste là tombe en vrai déluge. Cela contraint les organisateurs à rapatrier les coureurs encore sur le parcours. La remise des prix, sous le chapiteau, reflète l’ambiance qu’on a eu toute la journée : très conviviale et joyeuse. Nous reprenons ensuite la navette qui nous ramène à Bourg d’Oisans.
Crédit photo : Marc Pariset
Au final, je suis très heureuse d’avoir participé à ce trail, dans lequel je retrouve tous les ingrédients d’un bel évènement comme je les aime, où le chrono et le classement sont naturellement relégués au second plan. Si je résumais en 4 mots le trail de l’Etendard, je dirais :
- Simple, comme un trail de montagne organisé dans le plus simple esprit de partage et de découverte d’un territoire ;
- Exceptionnel, comme les paysages traversés. Un régal tout le long du parcours et de très belles découvertes qui invitent simplement à revenir
- Sauvage, comme les 15km de tracés au coeur de la montagne, quasi sans trace ;
- Convivial, comme l’ambiance simple et joyeuse qui a jalonné tout le parcours et la journée ;
- Généreux, comme tous les bénévoles rencontrés tout au long de la journée, heureux de vivre et de partager ce moment de sport et de montagne avec nous.
Une belle découverte dans ma saison 2016. Merci à l’organisation, aux partenaires et aux bénévoles. Un trail à revivre !
