11890968_896256280410817_1670823685430994357_nÇa faisait un moment que l’idée de participer à une course de l’UTMB® me trottait dans la tête. Pourquoi ? L’Ultra-Trail du Mont-Blanc®, c’est LE rendez-vous international du trail, que l’on suit toujours plus ou moins de loin en se disant : « Ahh si j’y étais…« 

Cette année, je vais le vivre de l’intérieur pour la première fois, en participant à la « petite course » de l’UTMB®, l’OCC. Avec 52km et 3300m+, ça peut s’apparenter à une p’tite balade par rapport aux courses du week-end. Mais ça n’en reste pas moins un vrai bon trail qu’il faut tout de même avaler !

 

Jeudi matin 8h, sur la place du village d’Orsière (Suisse).

11896228_896256227077489_6585518306964158959_nEncore quelques minutes avant le départ. Je suis arrivée à me placer 1 à 2 lignes derrière le sas élite, histoire de ne pas laisser filer la tête de course si les jambes répondent bien ! Ludo, THE speaker du trail 😉 est là pour mettre l’ambiance, aux côtés des élus, ainsi que de Catherine et Michel Poletti. Le départ est retardé de 15 minutes par rapport à l’année dernière, afin que les enfants, qui ont repris le chemin de l’école, puissent être là pour nous encourager. Sympa ! C’est du coup à travers une haie d’honneur d’enfants que l’on s’élance. Je pars en compagnie de Virginie Govignon et Caroline Benoît, le rythme est bien, le soleil est là, l’ambiance est très sympa, c’est super !

 

Orsière (départ) – Champex (7km / 600m+, 52′ de course)

Le peloton s’étire progressivement et j’attaque la première montée en direction de Champex, en compagnie de Célia Chiron. Elle avance sur un bon rythme, je lui emboite le pas. Mon Ambit 3 Peak m’indique 20m+/min, les sensations sont bonnes, c’est bon signe ! Reste à bien gérer la course. Juste avant le ravitaillement, nous sommes rejoint par une espagnole, Maria Bravo Zuniga.

Passage au ravitaillement, je prends le temps de recharger un bidon en eau, car il fait déjà chaud. Célia fait l’impasse et prend à ce moment là le large. Je préfère laisser filer, ça reste malgré tout une course de 52km, à gérer sur 7h d’effort.

 

Champex (km7) – Trient (24km / 1500m+, 2h44 de course)

Après 5km de profil descendant, on attaque la montée à la Giète. Je ne connais pas cette portion du parcours, mais nous sommes à 1300m d’altitude, et je sais qu’on monte à 2000m. Ben y a plus qu’à ! J’alterne marche active et course. Passage à Bovine, au milieu des Herens, superbe ! Cette première montée s’est bien passée, je redescends sereine sur Trient, en 2ème position. L’ambiance est superbe, les encouragements fusent de toute part en français, anglais, espagnol, italien, etc ! Dommage qu’une otite me prive de 50% de mon audition 🙂 Au ravitaillement, je prends juste le temps de faire le plein en eau et repars aussitôt. On m’attache au vol une balise de suivi gps; vu le poids, j’espère qu’il en ont mis 2 à Célia 😉

Trient – Vallorcine (km34/ 2350m+, 4h18 de course)

Les cuisses commencent à chauffer dans cette montée à Catogne ! De nombreuses portions sont en plein soleil et ça rend la tache encore plus difficile. Dans la montée, Maria me rattrape, elle semble très à l’aise. Je ne peux que l’encourager et la laisser passer car j’accuse un peu le coup sur cette fin de montée. Vaille que vaille, je continue mon p’tit bonhomme de chemin ! A ce stade, je me dis qu’on se retrouvera à Cham’ !

Avant Catogne

Avant Catogne

Redescente sur Catogne puis cap sur Vallorcine. Dans la descente, je vois Maria 300m devant. Finalement elle ne m’a pas pris tant que ça. J’allonge la foulée histoire de diminuer un peu l’écart sur cette descente, mais ça ne semble pas le faire. Je ne la vois plus. Au moment où je commence à me faire une raison, j’entends des pas derrière moi (j’étais seule). Je me retourne et vois… Maria !! Bon ben là, j’ai pas tout compris ! Elle m’explique qu’elle a fait une pause pipi 🙂 Eh ben tant mieux, nous voilà ensemble pour descendre sur Vallorcine ! Finalement, je vais progressivement la distancer et j’arrive à Vallorcine de nouveau en 2ème position mais avec une toute petite minute d’avance. Je recharge en eau, attrape un morceau de banane puis repars illico.

Vallorcine – La Flégère (45km/3300m+, 6h05 de course)

Je connais bien cette portion entre Vallorcine et le Col des Montets. Et je sais que l’effort est à produire ici ! Un faux plat montant qu’il faut courir car on peut vite y perdre du temps. Le problème c’est que je commence à avoir un coup de barre. J’ai embarqué un Energy Shot Isostar (la potion magique !) et je profite de cette portion pour le boire, en prévision de la montée à la Flégère. Maria est repassée devant. Décidément, c’est une partie de yoyo cette course ! J’essaye d’allonger pour ne pas me faire distancer. La 1ère place est trop loin maintenant (on m’a indiqué que Célia avait 10minutes d’avance), mais si je peux jouer la 2ème place, c’est quand même pas mal.

C’est sans compter le coup de grâce qui m’attend juste avant d’arriver au Col des Montets : j’entends « aller Caro, aller Caro ! » C’est le team Sigvaris qui encourage Caroline Benoît qui est entrain de revenir. Je me retourne et la vois 200m derrière. Arrgh, zut, flut ! Je commence à être cuite et voir Caro revenir sur moi me mets le moral dans les chaussettes… Mon mari est au col des Montets, m’encourage et m’indique que la 1ère est loin, mais la 2ème est à portée de baskettes. Il m’indique que derrière il y a Caro, mais aussi Virginie et d’autres pas très loin. Tout va se jouer dans la montée à la Flégère. J’essaye de sourire mais le moral n’est pas au beau fixe.

 

Bon aller, séance d’introspection générale :

1) Ca fait 5h que je suis dans la tête de course, j’ai pas envie de laisser filer le podium. Je n’ai pas fait tout ça pour rien !

2) J’ai pris « THE potion magique » d’Isostar. Si j’en crois Guillaume et Manu d’Isostar, ça devrait me redonner la frite dans la 1/2 heure qui vient 🙂

3) Soit je regarde derrière (j’essaye de sauver ma 3ème place), soit je regarde devant (j’essaye de reprendre la 2ème place) !

Bilan de cette petite pause psychologique : en l’espace de 200mètres, je me rebooste et décide de positiver tout ça. Je vais batailler jusqu’au bout pour conserver ma place. Je ne regarde plus derrière ! Tout est dans l’Energy Shot… franchement, des fois on s’accroche à pas grand chose ! :))

Je profite de la petite descente du col des Montets pour accélérer et raccrocher à Maria. Dans la montée, j’arrive finalement à la dépasser, ce qui me rebooste un peu. Mais elle continue de me talonner jusqu’à la Flégère, avec Caro pas loin derrière. Finalement j’arrive à les distancer un peu avant le sommet où j’arrive avec 3 petites minutes d’avance. Je bois un coup et recharge rapidement en eau pour les 7 derniers kilomètres.

 

La Flégère – Chamonix, un finish DINGUE !

A la Flégère, on m’indique que Célia n’est pas très loin et qu’elle accuse le coup. Je repars en me disant que rien n’est joué, je vais tout donner pour aller la chercher sur les 7 derniers km. Autant avoir de l’ambition jusqu’au bout ! 

Je fais la descente à bloc, en compagnie de Benoît Bosson, un trailer que j’ai rejoins au ravitaillement. Plus je descends, plus les randonneurs que je croise m’indiquent que la 1ère est proche : 4′ d’avance… 3’… 2’… Je vois Chamonix qui se rapproche… 1′ d’avance… 30″ d’avance. Et tandis qu’on atteint les premières maisons de Chamonix, Benoît me lance : « elle est là, à 50 mètres ! Aller, aller, va la chercher !! » Arghh j’veux bien Benoît mais j’en peux vraiment plus, ça fait 7 bornes que je cours à bloc, c’est dur ! Je suis dans le rouge complet mais j’essaye d’allonger malgré tout… Mais après 6h40 de course, finir en sprint, franchement, c’est presque anti-moral pour moi !

Passage sous l’arche devant le village UTMB, Célia est toujours 50 m devant moi. Il y a une ambiance de folie, je suis encouragée de toute part pour aller la chercher. Mais non, les jambes ne veulent plus ! Je commence à ralentir en me disant que c’est plié. Je me retourne alors et… je vois Caro à 50m derrière entrain de revenir ! Ahhh, le scénario improbable ! Moi qui était entrain d’essayer de jouer la 1ère place, me voilà à devoir accélérer pour sauver ma 2ème place ! Ambiance de folie dans les rues de Cham’, le public m’encourage (un vrai truc de dingue) et je n’ai qu’une chose en tête : passer la ligne d’arrivée. Moi qui voyait une arrivée tranquilou dans Cham’, histoire de profiter, ben c’est cuit ! Dernière ligne droite, je vois l’arche d’arrivée, je me retourne, comprends que je conserve ma 2ème place… pur plaisir de franchir enfin cette ligne !

OCC

Crédit photo : Lepape-Info.com

Caro arrive 24 secondes derrières tandis que je viens de franchir la ligne 26 secondes derrière Célia. Un truc de fou, nous arrivons toutes les 3 dans la même minute après 6h40 de course. Je me suis vraiment mis dans le rouge, je suis totalement lessivée !

 

 

Crédit Photo : Lepape-info.com

Crédit Photo : Lepape-info.com

Vidéo de l’arrivée

En conclusion : en 15 ans de trail, c’est la première fois que je vis une course aussi riche de bout en bout, avec un finish si vibrant dans les rues de Chamonix. A n’en pas douter, mon plus beau souvenir de course !

Côté parcours, cette OCC est une très belle course, avec des terrains variés et des paysages magnifiques ! Côté organisation, rien à dire, c’est parfait. Juste un grand merci à Catherine et Michel Poletti de nous permettre de vivre des instants aussi superbes !

OCC4

Podium OCC 2015