On en redemande « Angkor »

 

 

L’ultra trail d’Angkor me fait, ainsi qu’à Judith, les yeux doux depuis la participation de Cécile à cette même course il y a 2 ans. Mais quitte à y participer le mieux c’est de partir assez longtemps pour visiter le Cambodge. Et bingo car pendant la préparation de notre tour du monde on se dit qu’on a plus le choix et qu’on va à notre tour aller courir au milieu des magnifiques Temples d’Angkor. Et oui ça ma se cale très bien dans notre voyage au long terme, c’est pas beau la vie

 

 

Ni une ni deux j’en parle avec Cécile qui connait très bien Jean Claude Le Cornec, qui n’est autre que l’organisateur de cette course. Notre rencontre se fera sur le festival des Templiers à Millau car Jean Claude tient un stand pour promouvoir ses courses ( trail d’Angkor, foulée de la soie). On lui fera aussi part de notre souhait de vivre cette événement à fond en ayant la double casquette bénévoles/coureurs. Il nous parle des besoins, du nombre de jours, du balisage en scoot, etc… bref on a déjà des étoiles pleins les yeux.

 

 

Plusieurs mois plus tard et déjà plus d’un mois de voyage nous voici à Siem Reap aux portes des temples d’Angkor. Le lendemain de notre arrivée, rendez vous le matin à l’hôtel où logent la plupart des bénévoles et coureurs qui ont pris le packaging séjour/course. Je vous passe la description de l’hôtel plutôt fort sympathique. Pour des questions de budget nous n’avons pas réservé là bas car quand tu pars 1 an en voyage il n’y a pas de petites économies :D.

 

 

 

 

Après un briefing pour mettre en place le plan d’attaque, les différentes équipes partent sur les tronçons de balisage car 128km à baliser vaut mieux se répartir le boulot. Pour info chaque équipe est composée de 2 à 4 bénévoles et de 3 Khmers (Cambodgiens). A bord de nos scooters nous voici fin prêts pour 4 jours de balisage qui vont passer à toute vitesse. Des supers moments de partage et des beaux moments de plaisir au sein d’une équipe de bénévoles juste au top. Après deux jours de balisage au sein de l’équipe jaune avec Francis, Laurence et 3 Khmers, on est transférés dans la team violette pour donner un coup de pouce à Billy et Jérôme deux expats au Cambodge. Deux sacrés loustics et on avait pas besoin de séance d’abdos avec eux vu les fous rires, surtout à midi dans un boui boui avec des gérantes plutôt drôles .

 

 

Vendredi en milieu d’après midi après avoir fini notre section de balisage, on se dirige vers notre hôtel ayant une dérogation pour ne pas aller rejoindre tout le staff sur le lieu de départ de la course mettre en place Village d’arrivée, arche, etc… Et oui, on est bien vus mais bon c’est pas comme si demain on a pas chacun une course à faire
Vous devez vous dire oh les petits joueurs mais croyez moi 4 jours de balisage en scoot ça paraît fastoche mais sur un tel terrain (sable, rizières, chemins bosselés,..) et sous une forte chaleur ça use un peu.

 

 

A peine arrivés à l’hôtel on garde notre élan en sautant dans nos chaussures pour un petit décrassage veille de course de 30min. Et oui , même à l’autre bout du monde on perd pas les bonnes habitudes. Douche, Replay de biathlon (ça aussi ça ne se loupe pas ), un plat de riz et au dodo car avec une course qui part à 4h du mat et un réveil à 1h45, la nuit va être courte .

 

 

Jour J: Bayon Trail 64km
Derniers préparatifs à notre hôtel avant de filer au Angkor Paradise pour prendre un mini petit déj. Vu l’heure la faim n’est pas au rendez vous. Après avoir papoté avec des coureurs du 128 et 64km, c’est l’heure de se diriger en navette jusqu’à la Terrasse des Éléphants qui est le lieu de départ. Briefing de course et c’est déjà l’heure du départ et tant mieux car j’ai hâte de courir maintenant !!!
Mon départ est en commun avec ceux du 128km, ils font les 64km de notre course pour ensuite partir sur une autre boucle de 64km. Sur le 128km deux favoris se dégagent avec la présence de Christophe Le Saux et Antoine Guillon. Sur la mienne j’ai jeté un rapide coup d’œil à la start liste mais je n’ai pas vu de nom qui m’ont fait tilt. Il faut dire qu’avec pas moins de 44 nationalités représentées sur l’ensemble des 5 courses c’est dur de savoir les réelles forces en présence. On verra bien… Recherche du GPS de la montre, je sélectionne dans itinéraire mon parcours comme ça impossible de se perdre.

 

 

 

5-4-3-2-1-Goooo…. Partant en première ligne je suis de suite devant et au bout de 300m je me retourne et je vois que j’ai un écart avec le reste du peloton. J’aperçois Antoine et Christophe mais en sachant qu’ils sont sur le 128km j’imagine bien qu’ils vont pas se griller en partant trop vite. Dans ces moments là deux questions sont venues à mon esprit « Est ce que je ralentis pour ne pas être seul trop rapidement ? » Ou bien « Est ce que je fais ma course en me souciant que de moi et de mon allure ? ». A vous de deviner….. Bon stop le suspens et c’est l’option 2 que je choisis finalement. J’entame donc la traversée de la terrasse des Éléphants en prenant aucun risque dans les marches et pièges qu’il y a et qui pourraient en moins de 3-4min gâcher ma course. S’ensuit des singles dans la forêt où j’essaye de trouver mon rythme mais pas évident car ça tournicote pas mal et le sable n’arrange rien. Je ne connais pas les 20 premiers kilomètres car ce n’était pas mes sections de balisage et ils ne sont pas de tout repos, ça met dans l’ambiance. Je fais quelques checks régulier sur la montre pour voir si je suis toujours sur la trace, et oui ça coûte rien même si le balisage est top. Cette semaine on m’avait dit que des policiers allaient assurer quelques croisements un peu sensibles mais finalement j’hallucine du nombre qu’ils sont et c’est assez drôle de les voir des fois à la dernière seconde derrière un bosquet. Mon faisceau de frontale les préviennent de mon arrivée. Il y en a certains qui me suivent en scooter sur certaines sections et à chaque fois que j’en vois ils font un appel via radio pour prévenir le suivant de mon arrivée. Du coup grâce à eux je me sens moins seul donc merci la de votre présence.

 


Les km défilent assez vite et au 20ème km je retrouve un terrain familier pour l’avoir balisé les deux premiers jours. Il fait encore nuit et tous les km de nuit sont bons à prendre car je sais qu’avec le soleil la température va vite monter en flèche. Un petit check à ma montre et je me rends compte que je suis sur un bon rythme et je ne verrais sans doute pas Ju au km 32 qui est le lieu de départ de sa course (Jungle trail 32km).

 

Km 30 j’arrive au 3ème ravitaillement de la course, un petit plein de provisions et c’est le moment de monter au point culminant, environ 200m de dénivelé et composé essentiellement de marches (environ 700). Pendant la montée j’assiste au lever de soleil, un chouette spectacle et au sommet passage à travers un super beau temple en ruines. C’est maintenant le moment de redescendre sur un chemin en lacet, cette partie montée/descente en plein milieu de ma course est plutôt casse pattes. Dans la partie suivante un peu tortueuse, avec des minis montagnes Russes les jambes commencent à me rappeler les 4 jours de balisage. Ayant balisé j’ai la chance de connaître le parcours mais des fois c’est pas un avantage car je sais qu’après cette partie tortueuse, il y a des parties linéaires et seul c’est parfois long. Vers le km 37 j’arrive au ravitaillement, remise à niveau des flasques et victuailles en main, c’est parti pour découvrir le temple de Banteay Samrey. Un petit tour et puis s’en va, c’est vraiment chouette ces paysages et c’est une chance de pouvoir découvrir et passer dans, ou au pied des temples d’Angkor. Il fait maintenant plus chaud mais c’est encore raisonnable par apport aux températures qu’il fera en fin de matinée. Les kilomètres défilent encore assez vite même si certaines portions deviennent plus dures étant seul mais la vitesse est sur la pente décroissante. Dans ces moments là il faut se mettre dans sa bulle et des fois la tête doit prendre le dessus. Au km 46 j’arrive à un nouveau temple et j’ai de nouveau droit au ravitaillement, ce n’est pas de refus car l’eau et la boisson énergétique et super fraiche et ça permet de baisser un peu la température du moteur. Avec un glaçon dans une main pour me rafraîchir et une banane dans l’autre je peux partir sereinement. Je fais le tour du temple et après 2km je rejoins un immense temple qui est le point de départ du Jungle trail (16km). J’aperçois la banderole de l’arche de départ qu’on avait installé la veille entre deux arbres. C’était assez drôle à installer d’ailleurs avec un khmer en mode koala dans un arbre et moi sur la pointe des pieds debout sur le scoot en train de fixer la corde à l’arbre tout en essayant de mettre la banderole de niveau .Le départ n’est que dans une heure mais quelques coureurs sont déjà à l’échauffement, bon ils vont être chaud ça c’est sûr ️☀️.

 

 

 

L’arrivée est proche mais je sais que la suite du parcours va être usante avec pas mal de passages de rizières, de sable et beaucoup de changements de direction. La présence des policiers est toujours aussi impressionnante et j’ai de nouveau des policiers qui se relayent en scoot derrière moi. Dans un virage je regarde derrière et j’aperçois furtivement un coureur qui arrive avec le aux fesses tellement il va vite. Bon il faut dire que j’ai plus ma vitesse de déplacement du début donc forcément il va bien plus vite. J’imagine qu’il n’est pas sur la même course que moi et je suppose qu’il est soit sur le marathon soit sur le 32km. Quelques mètres plus loin il me double et je n’essaie même pas de tenir sa foulée qui est vraiment très belle pour le coup. J’ai pas eu le temps de voir son dossard ni même son visage. Je pensais au vu de son mini gabarit qu’il était très jeune mais non sur le podium ce petit vietnamien n’était pas aussi jeune que son dos pouvait laisser croire ( il aura parcouru les 42 km du Marathon trail en 3h05 et vu le parcours je dis chapeau ).
Plus que 12km et me voici à l’avant dernier ravitaillement avec toujours le même rituel : banane, boissons fraîches et glaçons pour rafraîchir le corps et les muscles. Ça sent l’écurie et d’ailleurs j’ai de plus en plus hâte d’y arriver. Je continue mon petit bonhomme de chemin en me motivant un maximum. Le magnifique temple de Ta Nei se profile devant moi, j’en fais le tour, un pur plaisir et j’aperçois Billy avec qui on a balisé pendant deux jours et qui a troqué la rubalise pour l’appareil photo. Et oui bénévole c’est être aussi un peu multitâches . Ça fait du bien de voir un visage familier !!
Je suis au courant de la mise en place de panneaux qui matérialise les 5 derniers km. Quand j’aperçois le numéro 5 au loin c’est un peu à double tranchants car d’un côté ça fait du bien mais d’un autre côté ça peut paraître long . Petit passage de rivière en passant sur le pont du barrage et de nouveau un ravitaillement, cette fois c’est le dernier et même si il ne reste que 4km je prends le temps de boire et de m’asperger d’eau fraîche. Un Khmer qui tient le ravitaillement me tend une chaise et insiste pour que je prenne mon temps. C’est super sympa mais je préfère être sur une chaise dans l’aire d’arrivée car sinon je repars plus d’ici . Ces derniers km sont une découverte et c’est pas plus mal car de savoir que j’allais finir par une ligne droite de  presque 4km ça m’aurait fait mal avant d’y être .

 

 

 

4, 3, 2 et 1km de l’arrivée.. Yeah la fin s’approche ! Je vois au loin deux policiers dont un en vélo et un autre avec son téléphone prêt à prendre une photo. Je devine ce qu’ils vont faire car ce n’est pas les premiers à le faire: quand j’arrive au niveau de celui en vélo il pédale à côté de moi et son collègue prend des photos. Je fais mon plus beau sourire et j’essaie de cacher que j’ai 63km dans les jambes. D’ailleurs je crois que 33,333% des policiers que j’ai croisé ont pris une photo de moi. Dommage que je ne puisse pas les voir ni les récupérer car je pense que je n’aurais pas eu besoin de faire un récit de course mais juste un album photo km par km . Tant pis et du coup ça vous fait de la lecture et moi beaucoup d’écriture pour le coup pour retranscrire au mieux la chouette aventure bénévole/coureur qu’on a pu vivre tout au long de cette belle semaine.
Ah oui oups j’ai même pas fini mon récit du dernier kilomètre après avoir été pris en photo! Après cette longue ligne droite je tombe face au Bayon temple et je le contourne sur la droite. Je vois l’arche d’arrivée et je franchis cette ligne en 5h19 avec le record de l’épreuve à la clé. Avec des bonnes jambes je pensais mettre dans les 5h10-15 donc plutôt content avec des jambes pas si fraîches que ça. L’essentiel n’est pas là et finalement cette course et cette victoire ne sont que les sur le gâteau de cette magnifique semaine. Cette course me faisait envie depuis longtemps et je suis très content d’y avoir pris part, en plus de l’aspect sportif il y a l’aspect culturel et il n’y a  pas beaucoup de courses qui peuvent prétendre avoir cette ligne dans leur CV.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Merci à Jean Claude et à toute son équipe. C’était parfait !!!

En tout cas avec Ju on en veut bien encore et « Angkor »

A plus pour de nouvelles aventures