C’est de tradition depuis 3 ans, fin octobre je participe au Festival des Templiers à Millau. Et comme j’aime bien varier les plaisirs c’est à chaque fois sur une épreuve différente. Après l’Endurance Trail en 2015 (3ème) et l’Intégrale des Causses l’année dernière (1er) j’ai opté cette fois-ci pour la Boffi Fifty nouvellement créée. Son kilométrage raisonnable d’un peu moins de 50 bornes et son départ le samedi à 10h sont idéals pour une reprise 7 semaines après l’UTMB. Je sais bien que la forme n’est pas (encore) revenue mais j’ai bien envie d’aller goûter au podium une nouvelle fois et si la première place semble promise à Aurélien Collet d’un niveau bien supérieur au mien je sais que la 2ème place est envisageable… Quoiqu’il en soit je suis plutôt détendu et heureux de fouler à nouveau les sentiers autour de Millau et je ne me prive pas de manger une bonne pizza en compagnie de Cécile et Jean-Phi la veille de la course. La nuit sous tente se passe bien, il fait plutôt doux contrairement à l’année passée et je n’ai pas oublié mes boules Quies. Les transats installés dans le stand Trace de Trail permettent d’attendre tranquillement le départ devant un petit café.

Quelques minutes avant 10h je m’échauffe brièvement et rejoins la ligne où je retrouve avec plaisir Benoit qui m’avait fait l’assistance l’an dernier et qui cette fois est apte à courir. A 10h nous sommes un peu plus de 400 coureurs à nous élancer pour 48km et 2400m+/- de dénivelé. Comme prévu Aurélien Collet se fait la malle dès les premiers mètres et c’est au sein d’un petit groupe d’une dizaine de gars que j’effectue les 2kms de route menant au pied de la grimpée vers le Causse Noir. Je prends la tête lorsque le chemin s’élève et tandis que les pourcentages se font de plus en plus fort et que la marche devient obligatoire je me retrouve seul avec Pascal Regnerie. On discute un peu mais je n’ai pas de supers sensations et Pascal me décroche un peu avant le sommet. Heureusement la longue portion plutôt roulante sur le plateau me permet de revenir dans sa foulée et c’est ensemble que nous négocions le petit single serpentant en bord de falaise avec vue magnifique sur les gorges du Tarn. Au niveau du Roc Pointu nous nous engageons dans une descente plutôt raide plongeant vers le village de la Cresse. Toujours gêné par mon talon droit j’ai opté pour des chaussures qui sur mes dernières sorties semblent ne pas me blesser. Par contre niveau accroche c’est pas l’idéal et je suis obligé de faire bien gaffe et de descendre prudemment. Par chance Pascal ne semble pas être un fou de la descente et c’est donc ensemble que nous rejoignons le village (km14) où une foule nombreuse nous encourage.

Quelques secondes pour remplir en eau nos bidons et nous repartons à l’assaut d’une nouvelle côte qui doit nous remonter sur le Causse. L’endroit est de toute beauté avec un passage au milieu du Ravin de Font Auzal spécialement aménagé pour notre passage. Pascal reste derrière moi mais mon rythme est plutôt cool et j’ai du mal à forcer … Il piaffe un peu et se décide à me doubler pour rapidement disparaitre de ma vue. Un coureur que je ne connais pas mais que j’ai croisé ce matin au camping revient dans mon sillage et me demande si ça va et semble étonné de me voir là. Il me demande à quel moment je compte accélérer … Je sais bien que j’ai souvent un peu de mal à mettre en route en début de course et ça ne fait qu’un peu plus de 1h30 que nous courons mais pour le moment je suis déjà bien content de tenir cette cadence. Pierre Millet puisque c’est de lui qu’il s’agit me passe devant et je me force à suivre car le sommet est tout proche. Sur le plateau je peux enfin relancer et retrouve un semblant de bonnes sensations. Pascal n’est pas trop loin et les longues pistes roulantes me permettent de le rejoindre et finalement le distancer. J’arrive seul au ravitaillement de la ferme des Privats où en l’absence de bananes je me jette sur des dattes tout aussi nutritives. Je remplis aussi mes bidons car le prochain point d’eau est dans 20km et il commence à faire bien chaud. Je repars tandis que mes poursuivants arrivent juste.

Pour le moment tout va bien et je peux gérer mon rythme. Pierre et Pascal ne sont pas très loin derrière moi et se rapprochent même dangereusement à la faveur d’une montée que je négocie tel un randonneur. Je parviens à reprendre du champ lorsque nous retrouvons des pistes forestières et des singles plutôt plats.

Le parcours est plutôt sans difficultés techniques jusqu’à présent et les 28km avalés à presque 11km/h laissent envisager une arrivée autour de 14h30. Mais c’est sans compter sur un final que j’ai un peu sous estimé en étudiant le parcours. Finis les larges pistes et les singles propres où courir est aisé, place aux falaises, aux ravins, aux racines, aux descentes vertigineuses … J’arrive malgré tout à prendre du plaisir à négocier tous ces pièges, me retrouvant par moment accroché à un arbre ou partant en dérapage (presque) contrôlé. Ça devient de la rando d’autant que les pourcentages sont parfois énormes et obligent à mettre les mains pour soulager les cuisses brûlantes. Mais quel décor !! C’est le pied d’évoluer dans un tel endroit et sûr que si la course n’y passait pas je n’aurai jamais eu l’idée (et le cran) de m’y rendre.

Mon rythme  a dû bien chuter car Pascal me rattrape et me demande si Pierre m’a lâché. Étant donné que Pierre ne m’a jamais rejoins nous en concluons qu’il a dû se paumer et qu’il va sans doute finir dans les serres d’un des nombreux vautours qui tournoient au-dessus de nos têtes. Nous continuons ensemble notre cheminement le long des falaises et arrivons bientôt sous le Boffi Rocher qui donne son nom à la course. Je donne le rythme, en relançant au trot qu’en de rares occasions et nous en profitons pour papoter de tout et de rien. Une place sur le podium pour tous les deux semble nous enlever toute velléité de s’attaquer. En tout cas c’est mon cas d’autant que l’eau commence à manquer et la panne sèche n’est pas loin … Mais surprise alors que nous grimpons au-dessus du Ravin du Monna, voilà t’y pas que Pierre réapparait juste en dessous de nous. Une faute d’inattention et le pauvre s’est tapé 800m de rab ! Son retour plutôt rapide sur nous rebat les cartes. La fin de course s’annonce moins paisible et va sans doute m’obliger à hausser le ton dans les kilomètres à venir si je veux décrocher cette 2ème place qui me manque sur un podium au Festival des Templiers. Je donne le rythme dans la côte nous permettant de remonter sur le Causse et pour la première fois depuis le départ je sens que je peux accélérer. Mais j’attends mon heure et Pierre semble cramé même si je reste méfiant … Une fois en haut, alors que la brume et un vent plutôt rafraichissant sont bienvenus nous rejoignons des coureurs d’autres courses et notamment Romuald De Paepe alors 5ème du Marathon des Causses. Nous sommes dans la forêt menant à la ferme du Cade et c’est à nouveau bien roulant. De Paepe me sert de point de mire et je décide d’accélérer franchement pour me débarrasser de mes 2 compagnons. Après plus de 4h30 de course le moteur est enfin chaud ! J’arrive rapidement au Cade au milieu d’une foule nombreuse et ai pris suffisamment d’avance pour avoir le temps de remplir un bidon de St Yorre et d’avaler un verre de Coca pour me booster durant les 6 derniers kilomètres. Je repars avant que le duo à ma poursuite ne m’aperçoive. Maintenant c’est à fond jusqu’à la ligne.

Je cours sur un bon rythme malgré les presque 5h de course dans les jambes et je sais que si tout va bien Pierre et Pascal ne pourront pas revenir. Mais c’est sans compter sur des crampes aux adducteurs qui surgissent sans crier gare. Je dois un peu ralentir, me relâcher et prendre de bonnes inspirations pour les faire passer mais c’est rapidement qu’un mauvais passage et je reprends ma cadence initiale. Le final est encore de toute beauté sur un petit sentier le long de la falaise surplombant Millau. Il est plutôt propre et permet de courir sans problème même si quelques coups de cul obligent à changer de rythme et à marcher par moment. J’entends la voix des speakers tout en bas tandis que je m’élance dans la dernière descente que je connais assez bien. Je double à nouveau des participants d’autres courses mais le dépassement se fait sans problème malgré le sentier parfois étroit. J’arrive bientôt dans l’aire d’arrivée plutôt garnie en spectateurs contrairement à mes arrivées en 2015 et 2016. Ça a du bon de courir le samedi ! Après 5h30 de course je boucle la première édition de la Boffi Fifty à la 2ème place bien loin d’Aurélien Collet. Pierre Millet n’arrive qu’une petite minute après moi, comme quoi fallait vraiment pas traîner !!

Pour la 3ème fois d’affilée je monte donc sur le podium d’une épreuve du Festival des Templiers. C’est toujours sympa même si je suis bien conscient que ça ne vaut pas un top 20 dans l’épreuve reine du dimanche qu’il faudra bien que je fasse un jour. Dans l’immédiat c’est vers l’édition hivernale que mes ambitions sont tournées. Alors rendez-vous le 3 décembre du côté du Larzac et de Roquefort pour essayer de clore la saison 2017 de la plus belle des manières.