logotempliers20161 an après ma 3ème place sur l’Endurance Trail des Templiers me voilà de retour à Millau pour courir cette fois l’Intégrale des Causses et ses 60km pour 3000m+/-. Même si l’épreuve n’est pas un objectif majeur mais plutôt une course de préparation pour la Saintélyon,  l’envie de gouter à nouveau aux joies du podium est là. L’option camping juste à côté de l’aire de départ/arrivée a ses avantages mais aussi ses inconvénients et être réveillé à 3h45 par les speakers annonçant le départ de l’Endurance Trail après une nuit à 5° au bord du Tarn pique un peu ! Contrairement à l’année dernière il fait bien froid et le brouillard est là. Avec Yoan nous nous rendons au départ à Mostuéjouls avec son van dans lequel il a dormi. Nous prenons au passage Marie Dohin et le temps de faire les présentations nous voilà déjà arrivés. Il faut un peu se motiver pour sortir du van car ça caille vraiment dehors et la vingtaine de minutes avant le départ se fait collé-serré à l’intérieur d’une petite salle chauffée.

cartetrace du parcours en cliquant sur la carte

A 6h50 le départ est donné à un peu plus de 400 coureurs. Et ça part à fond les ballons ! Je ne connais aucun des coureurs que j’accompagne en tête de peloton et avec Yoan on a surtout repéré un coureur aux impressionnants mollets saillants et brillants et des coureurs du Team Kalenji (partenaire de l’épreuve) motivés comme jamais ! J’ai l’impression d’être parti pour un 20km et ne me sens pas capable de soutenir ce rythme bien longtemps. Je dois laisser partir 5 ou 6 gars devant dont Yoan qui a l’air bien en jambes. Je ne m’affole pas car la route est longue et la descente caillouteuse sur le Rosier où se tient le 1er ravitaillement se fait sans encombre. Une petite erreur d’aiguillage du groupe de tête lui fait perdre quelques secondes et c’est donc au sein d’un groupe de tête d’une dizaine de coureurs que je passe à vive allure sans m’arrêter devant les tables de ravito.

Nous attaquons dès la sortie du village la montée vers le Rocher de Francbouteille et je dois laisser à nouveau partir 6 gars dont Yoan. Je ne suis pas au mieux quand ça grimpe mais la connaissance du terrain me permet de gérer mon allure. Le jour commence à se lever et une fois sur la corniche la vue est splendide. Attention toutefois à la pause des pieds car la moindre erreur peut coûter cher ! Je suis rattrapé bientôt par un coureur sans pouvoir le suivre puis par un trio avec lequel je garde le contact alors que nous attaquons la descente technique sur le Truel. Le kilomètre sur route menant au hameau me permet de me rassurer sur ma capacité à allonger la foulée sur le plat mais pour le moment je préfère calmer le jeu et attendre un peu avant d’augmenter l’allure. Je remplis une bouteille d’eau et perds un peu de temps sur mes compagnons qui ne se sont pas arrêtés. Je me retrouve alors 11ème et pas au mieux dans la côte menant sur le plateau du Causse Noir. Pourtant je reste serein et me dis que tout est encore possible si j’arrive à finir fort. Et même lorsque 2 coureurs dont Raphael Grisel (Hoka One One) me reviennent dessus alors que nous en terminons avec l’ascension je ne m’affole pas. Nous sommes partis depuis 2h, je me suis bien hydraté avec la boisson Isostar Hydrate&Perform et les kilomètres à venir sont plutôt roulants. J’allonge un peu la foulée sur une large piste et reviens sur 2 coureurs qui ne peuvent s’accrocher. On m’annonce à 6 minutes de la tête.  Avec le soleil qui commence à réchauffer un peu je retrouve des couleurs et arrive rapidement à St André de Vézines où je retrouve l’ami Benoit de Preville qui me fait l’assistance sur la course. Cécile en bon manager est aussi là et me dit que Yoan est 6ème et pas au mieux. Mince moi qui comptait sur lui pour faire monter le team Trace de Trail sur le podium … Je me débarrasse de ma frontale, de mes gants ainsi que de ma veste et repars illico à l’assaut des 35 kms restants.

roquestemargueriteDès la sortie du village je recolle à Cyril Morillo et ses fameux mollets ! Nous courons ensemble sur le magnifique single surplombant la Roque Sainte-Marguerite et une belle mer de nuage. Nous plongeons sur le village où je retrouve Cécile qui vient tout juste d’arriver et a juste le temps de prendre une photo ! Nous traversons la Dourbie et hop ! c’est reparti pour une nouvelle ascension. Je commence à me sentir mieux et imprime un bon rythme. Nous rattrapons Yoan dans le dur, je l’encourage en passant mais il ne peut s’accrocher. On se relaie avec Cyril dans cette côte où il faut sans cesse relancer. On discute aussi et lui comme moi sommes assez d’accord sur le fait que c’est parti très vite au départ et que si nous gardons la cadence nous devrions revenir sur pas mal de gars. D’ailleurs nous en avons un en ligne de mire que nous ne tardons pas à rejoindre tandis que j’aperçois déjà le village de Pierrefitte où se tient le prochain ravitaillement. Juste avant d’y arriver nous doublons le belge Etienne Van Gasse (Team Salomon). Je ne suis pas très sûr de la place à laquelle je me trouve alors mais si mes calculs sont bons il n’y plus que 4 coureurs en tête. Malheureusement personne ne nous informe de quoi que ce soit au ravitaillement et mon Benoit n’est pas là ! Je remplis une bouteille avec de l’eau, chope quelques morceaux de banane et une crêpe pour la route. Mais tandis que je m’apprête à repartir j’entends Benoit m’interpeller. Il vient tout juste d’arriver et je peux repartir alors avec de la boisson énergétique et un gel Isostar salé Veggie Puree (patate douce carotte semoule).

Les 17kms jusqu’au prochain point d’eau ne sont pas faciles avec beaucoup de petits singles en dévers et une succession de côtes et de descentes pas longues mais bien raides. Cyril est quelques dizaines de mètres derrière moi et j’en profite pour faire une petite pause pipi histoire de voir si côté hydratation tout va bien. Urine claire, check up ok ! Cyril prend alors la tête et nous faisons un peu plus ample connaissance. Les kilomètres défilent assez vite mais mon compagnon a tendance à changer constamment de rythme ce qui me perturbe un peu. On nous annonce la tête à moins de 4 minutes ce qui n’est pas beaucoup avec ce qui nous attend dans le final. En pleine pampa nous rattrapons un nouveau coureur arrêté au bord du chemin. Des secouristes sont à ses côtés, il n’y a a priori rien de grave et nous pouvons filer. Mais les à-coups de Cyril ont bientôt raison de moi et je dois le laisser filer à la faveur d’une n-ième côte bien corsée ! Désormais tout seul je vais un peu moins vite et la fatigue se fait sentir. Malgré tout j’avance bien et me motive en me disant que je peux encore gagner une ou deux places si ça craque devant. Il me tarde d’arriver à Massebiau au pied de la dernière grosse ascension et les kilomètres ne défilent plus assez vite à mon goût. Malgré tout je double un nouveau coureur qui me dit qu’il a un gros coup de moins bien. Je vois enfin ce pont qui permet de traverser dans l’autre sens la rivière Dourbie. J’arrive au ravitaillement, il y a pas mal de monde pour encourager et sachant qu’il me reste encore de la boisson je ne m’arrête pas et attaque la fameuse montée du Cade en courant. On m’encourage comme si j’étais en tête et bizarrement personne ne m’indique à quelle place je me trouve.

Je monte encore assez bien et double désormais les derniers du Marathon du Larzac dont le final est commun avec l’Intégrale. Ça fait 5 minutes que j’ai attaqué la bosse quand j’entends des clameurs plus bas m’indiquant le passage de mes poursuivants au ravitaillement. Si je garde mon rythme je ne devrais pas être rattrapé. Les gens que je double ont l’air surpris, il me demande si je fais l’Intégrale comme si personne avant moi ne les avait doublé … D’après mes calculs je suis 4ème, probablement pas trop loin de la tête de course. Une nana que je dépasse me cause quelques mots en anglais et je ne capte pas tout sauf le mot « first ». Le temps de me rappeler comment on dit 4ème en anglais et je suis déjà loin ! Le parcours redevient plat et je peux à nouveau courir. Le tant attendu ravitaillement de la ferme du Cade perdue au milieu de la forêt apparait. Je sens un mouvement de panique au moment du pointage par les bénévoles comme si on ne m’attendait pas de si tôt et je dois me frayer un passage au milieu des marathoniens du Larzac en train de se restaurer. Je prends juste un verre de coca et recharge ma bouteille d’eau.

Il reste 6km pour rejoindre l’arrivée. Je vois le Viaduc au fond et Millau au pied de la corniche qu’il va falloir dégringoler. C’est roulant jusqu’au célèbre pylône du Pouncho d’Agast et je cours encore sur un bon rythme. Je ne prends pas de risques inutiles dans la piégeuse descente menant à l’arrivée. Ca glisse un peu, c’est technique et il faut slalomer entre les coureurs pas très à l’aise du Marathon du Larzac. Même si je vais terminer au pied du podium je suis content de ma course et de son déroulement après un départ bien compliqué. Les cuisses ne sont pas courbatues et je peux finir la course finalement assez frais.

L’aire d’arrivée est en vue et là encore je trouve bizarre de ne pas entendre les speakers parler de la course ou d’être en train d’interviewer les premiers … Je débouche au milieu des spectateurs et accomplis la petite boucle herbeuse menant à la ligne droite d’arrivée. Benoit est là, content comme si j’avais gagné et me tape dans la main. Plus que quelques dizaines de mètres et je vois Cécile derrière les barrières tout sourire. Ben qu’est ce que ça serait si j’avais gagné !

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Et puis je passe sous la belle arche en bois des Templiers et Dominique Chauvelier qui commente l’épreuve m’annonce comme étant le vainqueur de l’Intégrale des Causses 2016 en 6h22’23 »! Je comprends de suite que le trio de tête a dû se perdre quelque part et Thierry Breuil (que de champions sur cette aire d’arrivée) me confirme que je suis passé en tête à Massebiau. Cyril Morillo arrive quelques minutes après et nous explique en effet que lui et ses 2 acolytes (Pierre Arnaud Bourguenolle et Antoine Ley) se sont trompés de parcours et ont dû faire demi-tour.

podium

Je suis un peu gêné et il est difficile de savourer cette victoire sachant que je n’étais pas le plus fort. Ce sont les aléas du trail et il m’est déjà arrivé de me perdre sur une course. Mais ça c’était avant que j’utilise une montre GPS Suunto Ambit dans laquelle je rentre la trace du parcours avant chaque épreuve 😉 !

suunto

Yoan me rejoint un peu plus tard, un peu déçu par sa 11ème place mais ayant montré un courage à toute épreuve. Marie Dohin s’impose chez les filles comme quoi fallait venir en van au départ 🙂 !

Un grand merci à Benoit pour l’assistance durant l’épreuve et à Cécile et Trace de Trail qui me permettent de bien nous éclater !

CLASSEMENTS