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Direction Gérardmer dans les Vosges pour le 2ème gros objectif de la saison. Depuis longtemps j’ai envie d’aller gambader dans ce massif que je connais peu si ce n’est un lointain souvenir d’une semaine de vélo il y a plus de 20 ans. Alors malgré pléthore d’épreuves en ce dernier week-end du printemps c’est sur le Trail de la Vallée des Lacs que s’est porté mon choix. 87km et 4700m+/- au programme, de quoi passer de belles et longues heures sur les sentiers même si certains passages ont été escamotés pour raison de sécurité après les pluies de ces derniers jours.

carteparcours emprunté en 2016 en cliquant sur la carte

Nous sommes accueillis la veille chez la tribu Brogniart à quelques kilomètres du départ. Stéphane, Sylvia et leurs enfants sont au top pour nous mettre dans les meilleurs conditions pour le jour J. Descriptif du parcours, itinéraire entre chaque ravitaillement, kéfir maison, riz au poulet et extinction des feux de bonne heure, pas question de rater ma course !

La nuit est courte mais je me réveille reposé à 2h15. Comme d’habitude les minutes défilent vite jusqu’au moment du départ donné à 4h du matin au bord du lac de Gérardmer.

Un petit tour dans les ruelles de la ville sous les encouragements des derniers fêtards encore bien éméchés et nous attaquons un petit single en montée. Le rythme n’est pas trop élevé et je remonte tranquillement en tête de course où nous nous retrouvons rapidement un groupe de 5. Je ne connais aucun de mes compagnons et personne ne semble vouloir lancer les présentations. Le terrain est particulièrement détrempé et boueux par endroit mais reste bien praticable. Nous grimpons régulièrement en même temps que le soleil se lève et je n’ai bientôt plus besoin de la pleine puissance de ma frontale Ferei H40 pour y voir clair. Notre petit groupe de 5 est bientôt complété par un blaireau qui affolé par le faisceau des frontales se met à courir devant ne sachant par où s’échapper. Une trentaine de secondes plutôt sympathiques pour nous avant que l’animal s’arrête sur le côté nous regarder passer !

Le parcours est assez varié avec une alternance de singles, de larges chemins, de passages sur les pistes de ski ou en forêt. Le brouillard présent au-dessus de 1000m nous fait perdre le balisage un court instant mais j’ai comme toujours rentré la trace du parcours dans ma Suunto Ambit 3 et je remets rapidement le groupe dans la bonne direction.

Le rythme s’accélère un peu dans la descente entrecoupée de courtes remontées menant au 1er ravitaillement. Ce n’est plus moi qui mène et je suis un peu surpris du rythme imposé désormais. Il reste encore de nombreuses heures de course et si ça ne tenait qu’à moi je lèverai un peu le pied. Mais en même temps j’ai les cannes pour suivre alors pas question de laisser partir ! Finalement j’arrive légèrement détaché au ravitaillement de la Bresse (km22) en compagnie du vosgien Tony Viard. Je ne m’y arrête que quelques secondes mais suffisamment longtemps pour repartir quelques centaines de mètres derrière l’homme de tête. Heureusement j’arrive à combler mon retard dès le pied de la grimpée vers le lac des Corbeaux. Tony impose un très bon rythme en côte en relançant sans cesse dès qu’il est possible de courir et en s’aidant de ses bâtons lorsque la pente se relève.

pontdeblanchemerLe parcours est vraiment sympa. Tantôt petits singles ou passages techniques sur les rochers, tantôt larges pistes où nous pouvons allonger le pas. Les kilomètres défilent assez vite, nous prenons chacun notre tour la tête de notre duo sans trop discuter pour le moment. A proximité du ravitaillement du Pont de Blanchemer un copain de Tony nous accompagne un instant et nous commençons alors à échanger quelques mots . J’apprends entre autre que mon compagnon de route alias « la machine » 😉 a terminé il y a 3 semaines 18ème de la Maxi-Race. Nous arrivons au ravito (km34) en tout juste 3h30′. J’y retrouve Murielle, refais le plein, attrape quelques morceaux de banane et repart en direction du Rainkopf.

Une petite pluie fine fait son apparition mais ne dure pas. L’ascension n’est pas trop longue mais présente des pentes parfois bien raides. Nous gardons toujours un très bon rythme et arrivons rapidement au sommet du Rainkopf. Du moins nous le supposons car le brouillard y est bien installé et nous ne voyons pas bien loin. A défaut d’une belle vue nous avons une atmosphère féérique ! La descente qui suit est particulièrement technique avec ses rochers glissants, ses racines sournoises et ses plaques de boue taquines ! Tony prend les devants et je n’ai pas d’autres choix que de coller à ses basques. Nos niveaux sont si proches que je ne peux me permettre de perdre quelques mètres. Heureusement je suis assez à l’aise et une fois encore mes chaussures Hoka Speedgoat font leur effet ! Les derniers kilomètres avant Mittlach où se tient le 3ème ravitaillement sont beaucoup plus roulants et nous y arrivons sous une belle éclaircie laissant percevoir une fin de course sous le soleil. Pas grand monde pour nous accueillir au ravito (km46) mais les personnes essentielles : quelques bénévoles aux petits soins et nos chéries qui ont fait connaissance et se tiennent compagnie ! Nous avons une dizaine de minutes d’avance après 4h45 de course donc no stress. Je prends le temps de m’alimenter et de faire un petit pipi avant de reprendre la route.

Un gros morceau nous attend avec l’ascension jusqu’au sommet du Honeck et pas loin de 1000m+ en 7km. Le parcours est encore une fois magnifique et nous grimpons en esses à travers les fougères et pouvons apercevoir en contre-bas Mittlach de plus en plus petit. C’est moi qui impose mon rythme et pour la première fois depuis le départ je sens que Tony est un peu moins fringant. Une petite chute anodine vient me confirmer que mon compagnon commence à fatiguer un peu et je relance régulièrement l’allure pour le tester mais le bougre s’accroche bien. Nous atteignons bientôt les crêtes où la vue est exceptionnelle. Le Hohneck devant nous, Strasbourg au loin, des montagnes, des lacs et un énorme névé. Je ne sais pas si c’est parce que nous sommes déconcentrés par le panorama mais nous perdons quelques instants le balisage. Nous retrouvons très vite le parcours à l’aide de ma montre et atteignons le sommet du Honeck sous les encouragements des touristes. Pas le temps d’y boire un coup nous plongeons dans la descente assez roulante menant au Refuge du Sotré (km55) et y arrivons après un peu plus de 6h de course. Alors que je me baisse pour refaire mes lacets une crampe surgit au niveau de l’adducteur droit. J’essaie de ne rien montrer mais je boitille un peu quand même 🙂 ! Une alerte qui me rappelle qu’il faut continuer à bien s’hydrater. J’attends Tony qui prend son temps et nous repartons ensemble à l’assaut des 30 derniers kilomètres.

descentedusotré

Une belle piste assez roulante s’offre à nous et comme les crampes ont disparu je décide d’augmenter sensiblement l’allure et de tester plus sérieusement mon adversaire. Cette fois Tony décroche et perd mètre par mètre du terrain sur moi. Plus le choix désormais faut foncer jusqu’à l’arrivée. Les jambes répondent bien, pas de douleurs musculaires et j’arrive à trottiner dans les côtes et seuls les passages raides (et il y en a quelques-uns !) se font en marchant. Je profite de quelques lignes droites pour me retourner mais pas de poursuivant en vue.

avecstephLe ciel se fait à nouveau menaçant lorsque j’arrive au Lac de Lispach et son chemin en caillebotis pour en faire le tour. Le parcours tourne et monte un peu dans tous les sens et j’en perds un peu mon sens de l’orientation. Mais le balisage est parfait et j’arrive sans encombre au Lac de Longemer où se tient l’ultime ravitaillement et où du beau monde m’attend. Je retrouve Murielle, Stéphane et Sylvia ainsi que Clément Posecak et Léo Béchet. Tandis que je me ravitaille expressément Stéph me refait le point sur ce qui m’attend avant l’arrivée. Je crois que j’en oublie la moitié mais dans l’ensemble je sais qu’il me reste 14km et une montée assez roulante avant de plonger sur Gérardmer. Stéphane m’accompagne sur quelques centaines de mètres et me laisse au pied d’un véritable mur ! Il y a une corde élastique accrochée au sommet fort utile. Je la passe entre mes jambes et tire dessus à l’aide de mes bras pour me hisser jusqu’en haut. Je retrouve alors cette fameuse piste monotone qui grimpe sans grimper et où il faut courir sans cesse.

arrivéeLes kilomètres défilent moins vite que ce matin mais j’ai encore un peu de ressource et la perspective de gagner ce joli trail me porte. Je ne prends pas trop de risque dans les descentes devenues par endroit de véritables ruisseaux. La pluie s’est remise à tomber fortement mais je ne me couvre pas car l’arrivée est proche. Pourtant je ne vois toujours pas le lac vers lequel il va me falloir plonger. Et des surprises m’attendent avec entre autre une ultime grimpette bien raide en forêt. Mais en haut je l’aperçois enfin ce lac tant espéré. Plus qu’à me laisser glisser jusqu’à l’aire d’arrivée et savourer ce superbe périple dans ce massif des Vosges. Je boucle les 85km et 4570m+ en 9h06’06 » beaucoup plus vite que Stéphane et Clément vainqueurs en 2015 sur un parcours bien plus technique. Ceci expliquant cela !

 

CLASSEMENTS

 

avecstephetclémentBien entouré par les vainqueurs 2015 !

Un grand merci à la tribu Brogniart pour son accueil « faites comme chez vous », à Tony pour la compagnie et ses relances incessantes, aux gentils organisateurs et bénévoles qui ont bien mérité leur championnat de France de Trail en 2017, à Murielle toujours là malgré des réveils à 2h du mat …

Place à un peu de récupération après une première partie de saison où les objectifs ont tous été atteints. Puis cap sur l’UTMB !!!