20141201 EBHH 2015 petit format

L’Echappée Belle qui traverse le massif de Belledonne du nord au sud est sans doute l’un des trails les plus difficiles de l’hexagone. Un énorme dénivelé et une technicité incroyable, pas vraiment le terrain sur lequel je suis le plus à l’aise. Mais j’ai envie de défi en cette fin d’été et comme une invitation ça ne se refuse pas, me voilà engagé dans l’épreuve de 80km qui si je la finis m’ajoutera 3 points en vu de participer à l’UTMB 2016.

J’aborde l’épreuve reposé après 4 semaines très allégées et heureux de me lancer dans une nouvelle aventure. La nuit sous la tente se passe bien, pas trop de stress et le réveil à 4h du matin est presque agréable. Température déjà douce et ciel étoilé, la journée va être belle !

départ

Le départ est donné de la station du Pleynet juste après 6h. Après quelques centaines de mètres plats dans la station nous voilà déjà dans le pentu. Je suis étonné par le rythme imposé par les premiers et je navigue autour de la 10ème place. Le col du Merdaret est atteint rapidement et les frontales ne sont déjà plus d’une grande utilité. Je ne m’en sers qu’à 2 ou 3 reprises dans la descente en sous-bois menant au lac de Fond de France histoire de voir où je pose mes pieds. En bas je m’arrête quelques secondes pour la ranger au fond du sac, si tout va bien je n’en aurai plus besoin …

Commence alors une longue montée vers le Lac Léat où se tient le premier ravitaillement. Nous sommes un petit groupe de 5 dont mon copain Damien Trivel avec qui j’espère bien faire un maximum de chemin. On discute beaucoup et le temps passe vite, en tout cas plus que les kilomètres. Je suis assez bien et n’ai pas l’impression de trop forcer. Il ne fait pas encore trop chaud, le soleil n’est pas encore apparu derrière l’imposante chaîne montagneuse qui nous domine. Au ravitaillement après un peu plus de 2 heures de course nous avons déjà près de 15′ de retard sur les gars de tête mais pour moi l’essentiel est de ne pas m’en préoccuper, il reste encore de nombreuses heures à crapahuter …

Une descente plutôt technique nous amène au refuge de l’Oule où nous pouvons à nouveau faire le plein de liquide. J’alterne flasques d’eau pure et flasques de boisson énergétique Isostar Hydrat&Perform cranberry ou citron. Notre petit groupe a éclaté et je me retrouve seul avec Damien, les autres payant probablement un départ un peu trop rapide. Pour autant nous ne sommes pas tout seuls car nous doublons régulièrement depuis quelques instants les participants du 144km partis 24h avant nous de Vizille ! Certains sont encore bien en forme et la différence de vitesse avec nous n’est pas spectaculaire. D’autres sont plus fatigués et nous prenons le temps en les dépassant de s’enquérir de leur état. Nous rattrapons entre autre l’ami Laurent Jouglar et sa petite bande du Saône Mont d’Or Nature encore bien frais !

Le col du Moretan point culminant de l’épreuve (2503m) est en vu mais il nous faut de longues minutes pour l’atteindre. C’est un véritable champ de cailloux et d’énormes rochers qu’il faut franchir et le moindre relâchement peut être fatal. Je ne regrette pas mon choix d’être parti sans bâton, je me sens plus à l’aise les mains libres, même si la pente est sévère. Au sommet nous saluons rapidement les bénévoles et plongeons en 6ème et 7ème position dans la descente vers Périoule.

Le fameux névé de Moretan a beaucoup diminué et est bien praticable ce qui n’est pas pour me déplaire. Nous courons sur la neige qui accroche bien et retrouvons rapidement un semblant de sentier. C’est vraiment très raide et les cuisses dégustent un peu. Au loin on entend les tirs de canon censés faire peur aux loups. Ça doit marcher puisque nous n’aurons pas la chance d’en apercevoir.

avec Damien

Nous arrivons au ravitaillement de Périoule après un secteur un peu plus roulant qui nous permet une pointe à 10km/h !! Je repars un peu avant Damien qui prend le temps de boire une soupe mais je l’attends en marchant et en profite pour manger une crêpe au jambon. On s’entend bien et je compte bien rester à ses côtés le plus longtemps possible.

Mais la longue montée vers Super Collet, si elle n’a rien de technique, est vraiment ardue. Très pentue sur de longues lignes droites j’y accuse un peu le coup après déjà un peu plus de 5h de course et 28km. Damien s’éloigne lentement, il a l’air facile et derrière moi le marseillais Patrick Doumas dont nous avons fait connaissance en début de course semble revenir. Je ne m’affole pas, l’important est de ne pas me mettre dans le rouge et à l’approche du sommet surplombant Super Collet je rattrape un coureur qui semble bien fatigué. Finalement les coureurs me précédant sont peut-être bien plus fatigués que moi ! Ça me booste un peu, d’autant que je croise des copains dont Didier Garnier en préparation du Tor des Géants et qu’André est venu à ma rencontre et tente de me suivre sur la large piste descendante vers la station.

super collet

Il y a beaucoup de monde et les encouragements font chaud au cœur. Je retrouve Murielle qui m’a préparé mon ravitaillement, j’échange mes flasques, reprends de nouvelles barres et m’enfile 500ml de St Yorre qui j’espère me feront passer mes débuts de crampes ressenties depuis quelques kilomètres.

Damien est toujours au ravitaillement et nous repartons ensemble en 5ème position. Nous reprenons notre conversation tout en grimpant sous le télésiège des Plagnes. Au sommet des pistes un magnifique panorama s’offre à nous et Damien en bon guide touristique me montre tout le chemin restant à parcourir. On fait une pause pipi mais depuis le départ et quelques tentatives rien ne sort. C’est jamais bon signe et ça m’incite à bien me concentrer sur mon hydratation. En plus les crampes se font de plus en plus ressentir et je me concentre aussi sur ma respiration. A trop discuter en oublierai-je de respirer ?

echappée belle

La longue descente vers le chalet de Pré Nouveau est magnifique, je crois que je préfère la végétation au décor minéral ! Un petit coucou à la copine Estelle que je n’ai pas croisé depuis bien longtemps et qui est bénévole sur l’épreuve et nous voilà au pied de la grimpée vers le refuge des Férices. Damien sans trop forcer me décroche une nouvelle fois et je préfère rester à mon rythme de croisière. La chaleur se fait ressentir et je mouille régulièrement ma casquette dans les ruisseaux que je rencontre. Arrivé au refuge je suis étonné d’y retrouver Lionel Calatraba et Nicolas Mejri qui étaient dans le trio de tête jusqu’à présent. Finalement j’ai l’impression de faiblir mais je ne suis pas le seul. Ils repartent derrière moi et malgré mon petit rythme de course je les distance rapidement.

val pelouseLes kilomètres jusqu’à Val Pelouse sont très compliqués, tout en relance sur un single, ça monte, ça descend et je n’ai pas les ressources nécessaires pour y courir de partout. Mais bon, j’avance quand même et c’est bien l’essentiel. Je retrouve mon assistance au ravitaillement. Entre les spectateurs, les coureurs du 144km et du 47km il y a beaucoup de monde. J’essaie de ne pas perdre trop de temps et après quelques minutes de pause je repars avec le plein de boisson, de gels et de barres.

J’avais prévu d’arriver frais ici car la suite est a priori roulante et peut faire de gros écarts. Mais après 50km, 4700m de dénivelé + et 4400m de – et 10 heures à crapahuter je ne suis plus très fringuant. Je me motive en me disant que l’arrivée n’est plus trop loin et que le podium est envisageable puisqu’on m’indique que le 3ème n’est qu’à une dizaine de minutes devant.

Les montées vers le col de la Perrière puis vers le sommet du Grand Chat ne se passent pas trop mal, entre 600 et 800m/h et je double régulièrement des concurrents des autres épreuves. Par contre ce sont les descentes qui me posent problème. Les jambes sont un peu raides mais ce sont surtout des points dans le bas ventre qui me handicapent et m’empêchent de courir. Dommage les sentiers ne sont plus trop techniques et il serait aisé d’y trottiner. Mais je dois me contenter d’alterner course et marche, pas génial … J’essaie d’uriner mais n’y parviens pas…

le pontetLionel Calatraba me revient dessus juste avant le Pontet où se tient le dernier ravitaillement. Il me tape sur l’épaule m’incitant à prendre son sillage. J’essaie de relancer un peu mais ne parviens pas à l’accrocher.

Je retrouve une dernière fois mon assistance pour faire le plein, je bois un peu de Coca et de St Yorre et repars à l’assaut des ultimes kilomètres. Une montée de 400m+ jusqu’au Mont Gilbert puis une longue descente de 1000m- et j’en aurai terminé … J’installe ma frontale sur la tête car d’ici quelques minutes il va faire nuit. Je n’aurai pas gagné ma course contre le soleil qui va se coucher bien avant moi.

La grimpée se passe bien, je ne me sens pas plus fatigué que ça mais pas de miracle dans la descente finale où je ne parviens à courir qu’en de très rares occasions. Pas grave depuis un moment mon seul but est de terminer et je suis même étonné de ne perdre qu’une seule place au classement en me faisant doubler par Patrick Doumas.

J’aperçois enfin les lumières d’Aiguebelle tout en bas mais il me faut quand même de longues minutes pour atteindre la ville et franchir enfin l’arche d’arrivée en 6ème position après 16h11’32 et 80km, loin derrière Florentin Le Provost auteur d’une magnifique performance et de Damien qui a finit très fort. Il est 22h15 et je peux faire retentir la cloche du finisher.

cloche finisher

Bien heureux d’avoir terminé cette belle épreuve si exigeante. Même si j’espérais un peu mieux au niveau classement et temps de course l’important était de terminer (et d’empocher les 3 pts indispensables à une nouvelle tentative sur l’UTMB).

carteparcours sur Trace de Trail en cliquant sur l’image