Ça fait déjà quelque temps que mon ami Fabrice alias Bibi me parle de ce projet de faire les 4 principaux sommets du nord du Chablais (où il réside) en une journée. Entre ses entorses chroniques et mon planning bien chargé nous n’avions jusqu’à présent pas eu l’occasion de nous lancer dans cette aventure. Mais dimanche 2 août nous voilà enfin réunis pour partir ensemble sur les sentiers en compagnie de Bertrand son collègue de boulot.

carteparcours sur Trace de trail en cliquant sur la carte

Le départ se fait un peu avant 7h du village d’Abondance. Nous rentrons de suite dans le vif du sujet avec une bonne grimpette en forêt puis une large piste moins raide mais rendue glissante par les pluies de la veille. Après une trentaine de minutes nous pouvons enfin trottiner sur une partie beaucoup plus roulante. La vue est magnifique sur le Lac des Plagnes et les Portes du Soleil. L’ascension vers le Mont de Grange (2432m) commence réellement après 10km. Nous laissons la piste et son troupeau de vaches et grimpons quasiment tout droit sur la crête de Coicon. Pas de difficultés techniques juste un sol encore glissant dans la partie basse. Nous montons sur un bon rythme, doublons quelques randonneurs et faisons quelques haltes afin de profiter d’un panorama incroyable sur les montagnes environnantes et le Mont Blanc. Nous atteignons le sommet après un peu moins de 2h15 d’effort.

sur les nuages

Le début de la descente est très technique et mon Bibi n’est pas très à l’aise. Je descends moi-même très prudemment au milieu de rochers assez rugueux. Nous commençons à rencontrer multitude de bouquetins et sommes toujours autant émerveillés devant le spectacle que nous offre la nature. Les cailloux et roches laissent bientôt place à une trace bien marquée au milieu des herbes puis à un chemin en forêt sans difficulté. Les pistes sous les télésièges annoncent l’arrivée imminente à la Chapelle d’Abondance où nous faisons le plein d’eau. Avec 20km dans les jambes nous avons quasiment fait la moitié du parcours. Mais la suite présente beaucoup de dénivelé et peu d’eau !

Une montée sur  route laisse bientôt place à un sentier sympathique le long d’un ruisseau. Nous sommes sur le célèbre GR5 que nous allons suivre pendant quelques kilomètres. Aux Chalets de Chevenne la pente s’accentue au milieu des alpages et nous découvrons devant nous les Cornettes de Bises (2432m) prochain sommet à atteindre. Nous grimpons au son des cloches bringuebalantes des vaches.

pas de la bosse

Un petit replat permet de souffler un peu au passage du Pas de la Bosse (1816m). Le GR5 descend tout droit en direction du refuge de Bise mais nous le quittons pour nous attaquer à la partie finale vers les Cornettes.

cornettes de bise

C’est beaucoup plus aérien et vertigineux par endroit mais en avançant prudemment il n’y a pas de danger. La pente est raide et le souffle se fait plus court d’autant que la température grimpe ostensiblement depuis ce matin. Fort heureusement un souffle d’air frais vient régulièrement nous caresser la peau ! Une fois en haut nous sommes récompensés par le panorama sur le lac Léman et les sommets alentour.

vu sur le lac

Mes compagnons en profitent pour s’asseoir quelques minutes et manger un bout de sandwich tandis que comme à mon habitude je préfère rester debout et grignoter un morceau de crêpe au jambon. On discute un peu avec les randonneurs présents puis repartons direction la Suisse.

pierrier

On descend de suite quelques centaines de mètres de dénivelé puis c’est beaucoup plus roulant d’abord dans un immense pierrier puis au milieu des alpages. La Dent du Vélan est en vue et nous nous en approchons lentement.

dent de vélan

Nous longeons l’impressionnant rocher et débouchons sur une magnifique crête menant au col de Bise.

crête

Nouvelle petite pause au dessus du lac de Neuteu (crêpe purée de sésame cette fois !) puis nous continuons jusqu’au col de Pavis où un troupeau de bouquetins est venu s’abreuver.

bouquetins

Nous courons à nouveau sur le GR5 avec à notre gauche le lac de Darbon et sur la droite le Château d’Oche (2197m) troisième sommet de la journée. On l’attaque par une étroite cheminée avant de déboucher sur un alpage peuplé de moutons. Nous sommes cette fois dans le brouillard et il n’y a malheureusement rien à voir au sommet si ce ne sont 2 imposantes croix !

shot bibiNous redescendons par le même itinéraire sur quelques centaines de mètres avant de prendre la direction des Chalets d’Oche. Nous pouvons enfin y remplir nos flasques vides depuis un petit moment déjà. Bibi accuse un peu le coup mais un Energy Shot d’Isostar va le rebooster en quelques instants !

La dernière ascension se fait donc sur un rythme encore assez bon. Nous nous élevons au dessus des chalets sur un sentier grimpant en esses. Il fait lourd et nous ne regrettons pas les centilitres de flotte dont nous nous sommes lestés plus bas. Bientôt arrive la célèbre cheminée menant au refuge.

cheminée

Il est déjà tard et nous ne croisons heureusement pas ou très peu de monde ce qui nous permet de ne pas perdre trop de temps. Le passage est sécurisé par des chaines positionnées le long de la paroi et nous grimpons rapidement jusqu’à la plate forme faisant office de terrasse au milieu des rochers. On pourrait y boire un coup mais on décide que ce sera pour l’arrivée ! Il ne reste que quelques centaines de mètres à gravir jusqu’au sommet de la Dent d’Oche (2221m) et il faut parfois grimper à quatre pattes sur des dalles fort heureusement bien sèches. La croix annonçant l’arrivée est en vue et très vite nous voilà en haut. Le Léman est toujours sous la brume mais la satisfaction d’avoir réussi notre journée efface la déception de ne pas voir le lac d’ici.

triplette

La descente par le versant Est est très délicat, les pierres roulent sous les pieds, il faut parfois mettre les mains et descendre assis. Je négocie les pièges sans encombre, me projetant déjà vers l’Echappée Belle mon futur objectif. J’attends quelques minutes mes compagnons puis repars sans plus jamais m’arrêter (si ce n’est 10 secondes au Chalet d’Oche pour reprendre un peu d’eau) jusqu’à la voiture garée à la Fétiuère. Je m’installe à la terrasse, bientôt rejoint par Fabrice et Bertrand où nous pouvons trinquer à une bien belle virée de presque 45km et 4300m+/4000m- !