Belle-ile3DVue_Belle-ile« Bouge pas mamie, cette année c’est moi qui vient te chercher. Je ferai juste un p’tit tour sur Belle-île au passage… ! » c’est comme ça que tout a commencé, l’hiver dernier. J’avais promis à ma grand-mère (85 ans) de la ramener de Bretagne, là où elle prend chaque année ses quartiers d’été. Belle-île, ça fait 34 ans que je l’observe de loin sans y être encore allé… Belle-île en trail, c’était donc l’occasion de venir y faire un tour. J’ai attendu ce trail toute la saison, à la fois avec envie mais aussi avec un peu d’inquiétude vu le profil roulant et cassant, peu commun sur le secteur de Grenoble. Je m’étais rendue compte après coup que pour un 1er 80km, je n’avais choisit le plus simple. Le compte-rendu de Yann (qui l’a fait en 2010) me l’avait vite fait comprendre… Mais ce mélange d’envie et d’appréhension m’a au final plutôt bien réussi. Retour sur cette belle aventure :

Vendredi matin, aéroport de Lyon Saint Exupéry, sous la pluie – j’embarque dans un avion (quasi)privé direction Lorient. 12 passagers, avion à élice, ambiance ambiance ! 1h30 de trajet à remous (le temps est orageux) avant d’apercevoir enfin la côte bretonne. Survole de St Nazaire, le golfe du Morbihan puis la presque-île de Quiberon avec Belle-île au loin dans la brume. Enfin, passage devant l’île de Groix avant d’atterrir en terre bretonne. Il fait grand beau ! Mmhh, il y a un petit air de vacances dans tout ça 😉

Je retrouve « Grand-Mamie » (c’est comme ça que mes enfants appellent ma grand-mère). Et hop, direction Quiberon pour prendre le bateau dans l’après-midi. Il fait beau et chaud, c’est bien agréable. L’occasion d’un repas sympa en bord de mer, puis j’embarque à 15h pour Belle-île. J’avais promis à ma fille de monter tout en haut – au cas où le bateau coule :-), c’est chose faite. La traversée est très sympa, avec de magnifiques points de vue, à la fois sur la presque-île de Quiberon et Belle-île. Le bateau est rempli de trailers. Tiens, tiens !

traversée Belle-île

Cap sur Belle-île !

Arrivé au Palais, je laisse mon sac aux gérants du camping qui ont gentiment proposé de transporter les bagages. J’en profite pour aller retirer mon dossard et glaner quelques infos d’avant course.

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Port du Palais – Belle-île en Mer

Je m’aperçois notamment qu’il n’y aura pas de salé sur les ravitos. Ah, pas cool pour 80km… Bon je me console avec le sac coureur dans lequel il y a un kit de survie breton : niniches, galètes bretonnes, caramels au beurre salé et bière locale 😉 Direction ensuite le camping, je monte la tente, prépare mes affaires de course et profite du soleil pour piquer une tête dans la piscine du camping. Repas pâtes puis extinction des feux.

Samedi matin, 4h30, le réveil sonne. Il fait bon dehors, le temps s’annonce chaud… c’est pas bon signe pour moi qui craint la chaleur. Petit déj’ avec l’Energy Cake d’Isostar, que j’ai testé sur les derniers trails et qui s’est avéré concluant (bon, digeste, et pratique à préparer). 5h45, direction le Palais où nous avons rendez-vous à 6h pour le briefing. Les organisateurs nous confirment qu’il va faire chaud toute la journée et nous recommandent la prudence. « N’hésitez pas à vous arrêter vous baigner dans les criques ». Ah ma bonne dame, faut pas trop me le dire…

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Port du Palais by night, en rejoignant le départ

7h, port du Palais, le départ est donné à la lueur des fumigènes. Nous sommes 451 trailers à prendre le départ. Ca part plutôt tranquille à 12km/h environ, tant mieux ! Passage à travers la forêt puis on rejoint rapidement le sentier côtier. J’ai mis ma Ferei HL20 à pleine puissance. C’est un véritable phare ! Quel confort de course, surtout sur le sentier qui est plutôt roulant mais tortueux et assez technique, ponctué par des descentes et montées courtes mais raides. Les sensations sont bonnes et j’évolue sereinement et tranquillement sur ces premiers kilomètres. Les montées passent bien en petites foulées. Dès le départ, je bois une gorgée de boisson toutes les minutes pour éviter une déshydratation. Sur les conseils de Guillaume d’Isostar, j’ai opté pour la boisson neutral, sous dosée (pour mes soucis gastriques), avec ajout d’un stick bicarbonate (pour la desydratation). Le goût passe très bien, c’est nickel.

Plage du Grand Sable, km 7, le jour se lève. Depuis le départ, je suis avec Virginie Nouri, annoncée favorite. Nous nous retrouvons côte à côte et je la sens tendue ! J’entame la conversation, histoire de détendre l’atmosphère. On est parti pour 80km, si on fait un bout de chemin ensemble, autant que ça soit sympa ! Voilà les présentations faites. Les photographes me rallent dessus en me demandant d’éteindre ma frontale, je les éboulis… Désolé, j’avais pas vu 😉

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Crédit photo : YM Quemener

On poursuit direction Locmaria où se situe le premier ravitaillement. Nous sommes quatre depuis un petit moment, Virginie, 2 gars et moi. Je prends un peu le large au bout de 12km, mais… m..de mes lunettes de soleil ! Je les ai perdues en enlevant ma frontale. La loose ! Je rebrousse chemin mais Virginie et les gars me reviennent dessus. Ils ne les ont pas vues. La mort dans l’âme, je repars avec eux, me disant que je risque de perdre beaucoup de temps à les chercher dans les buissons pour rien 🙁 Ah, zut, flut, saperlipopette, je suis énervée contre moi-même. J’essaye d’oublier cette mésaventure, mes les 3 moucherons que je me prendrai dans les yeux pendant 80 bornes me rappelleront à mes bêtises !

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En chemin !

 

Locmaria, km 17, 1er ravitaillement, 1h40 de course, 33ème position. Le temps de recharger mon bidons en eau, manger un bout de banane et je repars. Virginie a déjà pris de l’avance, il faut dire qu’elle a une assistance de choc ! Il fait chaud, mais je sens quelques gouttes. Le temps serait-il à la pluie ? Bizarre bizarre. Finalement, je m’aperçois que c’est ma jupette qui goutte. La vache, je peux carrément l’essorer ! Ben dis donc, une première en la matière ! Je me rassure, pas de signe de déshydratation. Mais tout cela me force à rester vigilante sur mon hydratation.

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Vue sur l’une des nombreuses criques…

Les kilomètres défilent, mais sans monotonie. On découvre un nouveau paysage à chaque détour de sentier. Je suis bien contente du voyage, ça vaut le vraiment le détour. J’en profite pour prendre de temps en temps quelques photos.

Bangor, km 38, 2ème ravitaillement, 3h50 de course, 32ème. Ma poche à eau est vide, je la recharge. Un peu galère toute seule, je réquisitionne une dame (que je remercie au passage), pour m’aider à mettre mon mélange de poudre Isostar. Je perds du temps à faire ce mélange mais je sais que c’est la clef pour éviter de finir sèche avant l’arrivée. Je repars sous les encouragements, c’est sympa !

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Crédit photo : YM Quemener

S’en suit un petit passage de moins bien. Les descentes dans les criques suivies directement de remontées raides sur le plateau commencent à fatiguer. En plus, ça devient frustrant de descendre dans ces magnifiques criques sans pouvoir s’y arrêter se baigner; ça ferait un peu con de perdre des places avec l’excuse de s’est baignée… Ah, ma pauvre Lucette !!!

km 40, je commence à me dire « mais qu’est-ce que tu fous là, franchement! ». Stop, je divague… je déconnecte le cerveau, branche les écouteurs et mets les jambes en mode automatique. Voilà qui est mieux ! 3-4 kilomètres, et me voilà requinquée. Le moral est de nouveau au beau fixe. Par contre, je cours seule et ce n’est pas très rigolo… Je remonte progressivement quelques trailers avec l’espoir à chaque fois de faire un bout de chemin ensemble, mais certains ont l’air cramé, et on ne reste pas très longtemps ensemble. Il fait chaud et j’apprécie les petits points d’eau improvisés par les habitants de l’île devant leurs portes de maison. Un grand merci !

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Crédit photo : YM Quemener

Arrivée à la grotte de l’apothicaire (km 58), je ne vois ni grotte, ni apothicaire ! Bon pas grave, il y a au moins un ravito, c’est l’essentiel. Mais le ravitaillement n’est en fait qu’un simple point d’eau. Ah, je suis vraiment dégouttée. Je n’ai pas d’assistance et j’aurais apprécié pouvoir grignoter quelques trucs autres que mon ravito perso. Ca me mets un petit coup au moral mais je me résigne et poursuis mon chemin. J’attendrai 12 bornes de plus…

Passage à La Pointe des Poulains, le paysage est magnifique, comme depuis le début d’ailleurs. Il fait toujours chaud, mais j’ai l’avantage d’être totalement trempée : d’une part, je suis au frais et, d’autre part, ma jupette joue le rôle de brumisateur en m’envoyant régulièrement des petites gouttelettes. Franchement top ! En tout cas, toujours pas de signe de déshydratation, c’est l’essentiel. Encore merci Guillaume pour tes conseils !

PointedesPoulains

La Pointe des Poulains

Passage à Sauzon, km 70, 7h16 de course, 24ème. Les jambes tournent toujours bien mais la fatigue générale commence à se faire sentir. Je me ravitaille rapidement et repars pour les 13 derniers kilomètres. Le moral est bon, mais j’ai hâte d’arriver. Tellement hâte que je néglige même de me ravitailler en solide sur ces 13 derniers kilomètres (l’arrivée n’est pas loin me dis-je). Belle erreur de débutant, je vais perdre progressivement mon énergie pour finir sèche. J’écoute un peu de musique pour me changer les idées. Un groupe folk croisé sur le port de Vannes cet été. On est bien dans l’ambiance. Et quand la chanson dit « running running everyday…I’m so tired running away » j’me dis que cette chanson est pour moi !!!

Sauzon

Vue sur le Port de Sauzon en mettant le cap sur le Palais

A 5km de l’arrivée, le téléphone sonne, je décroche: « aller maman, aller maman !«  j’ai mes loulous au tél, je commence à être cramée mais ça fait vraiment plaisir ! Je leur promets de les rappeler une fois la ligne d’arrivée franchie. Sur cette fin, j’ai tellement envie d’arriver que je me prends à courir partout, même dans les montées sèches. Les jambes vont bien mais c’est la fatigue générale qui s’installe. Le sentier côtier est beau, mais le Palais c’est sympa aussi 😉

J’arrive enfin au Palais, après 8h59min43sec de course. 2ème F à 13min de Virginie Nouri et 23ème au scratch (à l’arrivée, j’étais 19ème au classement, j’ai perdu 4 places dans la nuit. Allez comprendre…). Je m’étais fixé 9h, pour une fois, mon pronostique n’est pas trop mal !!! Je peux (enfin), mettre les jambes dans l’eau, ça fait du bien.

Au final, contente d’être arrivée, contente d’avoir bouclé mon premier 80km, contente de ma place (dans les 5% au scratch), contente d’avoir réglé mes problèmes gastriques et de déshydratation (qui m’avaient bien embêté à la 6000D) et surtout contente d’avoir fait le tour de cette superbe île ! Mais finalement j’ai eu l’impression de survoler cette île plutôt que de la découvrir réellement. Un peu frustrant de ne pas avoir pu prendre le temps de m’attarder sur les pointes et nombreuses criques. Sans aucun doute, je reviendrai, mais cette fois-ci pour partager tout cela en famille.

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Retour le lendemain après un dernier petit tour dans le Palais et un café avec Nicolas du Club Manikou (les amis de la Martinique !). Dans le bateau du retour, je retrouve Seb Chaigneau, Christophe Maladré, Ludo Collet, Virginie Govignon. L’occasion de discuter un peu, c’est sympa ! Nos chemins se séparent ensuite, et je retrouve ma Grand-Mamie. Baignade à Quiberon, moules-frites en terrasse, puis plus le temps de trainer. Aller, hop, cap sur Grenoble maintenant !

Kenavo !

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