Voici un petit récit des 3 jours passés autour du Mont Blanc sur les sentiers de l’UTMB en compagnie de Philippe Mérieux, Lionel Cachot, Joël Jourdan et Didier Girard, des copains coureurs de Villefranche.

1er jour entre Notre-Dame de la Gorge et Maison-Vieille (41km 2800m+ 2100m-)

Nous nous sommes tous levés tôt afin d’arriver de bonne heure du côté des Contamines et de profiter du soleil bien présent mais qui devrait se faire rare durant nos trois jours de rando/course. A 8h50 nous voilà prêt, sac de 5kg sur le dos, à nous élancer à l’assaut du Col du Bonhomme et ses 2325m.

vers le col du Bonhomme

La montée n’est pas trop raide et il y a même quelques replats qui permettent de trottiner sans mal. Les mollets tirent un peu en ce début de journée mais après quelques centaines de mètres de dénivelé positif les voilà bien échauffés ! Je profite un maximum du paysage car lors de l’UTMB nous passerons de nuit. Le serpentin de frontales allumées qui sillonnera au milieu des alpages sera à coup sûr un grand moment ! Au sommet nous trouvons un peu de neige mais la traversée jusqu’au refuge de la Croix du Bonhomme se fait sans encombre. Avant d’entamer la descente vers les Chapieux nous rangeons les bâtons, opération qui prend en moyenne 5 minutes pour les collègues et … 20 secondes à peine pour moi !! J’utilise les Raidlight 3 brins en alu, 235g la paire, que je glisse une fois pliés derrière les poches mesh des bretelles .

La descente sur les Chapieux est délicate et un peu glissante. Je ne suis pas super à l’aise, les chevilles se tordent 2-3 fois et je sais que lors de l’UTMB il faudra être très très vigilant en pleine nuit. En bas nous sommes accueillis par une fanfare militaire qui ravive des souvenirs chez certains de mes compagnons. Désolé je suis trop jeune, j’ai pas fait l’armée ! On recharge en eau et partons sur la route en direction de la Ville des Glaciers. Nous marchons tout le long et courons en de rares portions plus plates. Je pense que j’en ferai de même le jour J car il faudra s’économiser au maximum en début d’épreuve. Au pied du col de la Seigne nous ressortons les bâtons (20 secondes pour moi et 5 minutes pour les autres !!) et partons à l’assaut de la frontière italienne. On grimpe ce col un peu plus vite que le précédent et doubler sans cesse de nombreux randonneurs est bien sympathique. J’arrive au sommet avec Lionel, Philippe suit juste derrière et Didier et Joël arrivent quelques minutes après. Il fait bien froid au sommet (2502m), j’enfile ma veste Top Extrême qui me protège bien du vent et nous décidons de faire quelques centaines de mètres en descente afin de se mettre à l’abri et retrouver des températures plus clémentes. Nous faisons une petite pause sandwich au bord du sentier puis finissons la descente vers le lac Combal.

vers le lac Combal

Avant d’attaquer la dernière ascension vers l’arête du Mont Favre, nous ajoutons une petite boucle supplémentaire d’une trentaine de minutes afin d’aller voir le lac de Miage et d’apercevoir quelques jeunes chamois. Ca fait presque 6h30 que nous sommes partis et je me sens bien. Depuis ce matin je mange régulièrement des barres Isostar Long Distance Energy et des barres High Energy banane ainsi que de la pâte de dattes et mes barres salées maison amande-cacahuète-cajou. Et cela semble bien me convenir en complétant avec de l’eau afin de ne pas saturer en sucre. Je teste tout de même avant de m’élancer dans l’ultime côte un Energy Shot Fraise Grenadine riche en caféine. Les 6 cl de boisson passent bien et je fais une belle montée au milieu des marmottes sans faiblir et j’attends pendant plusieurs minutes les copains au sommet ! Il commence à pleuvoir, je range les bâtons, enfile ma veste et partons en direction du Col Chécrouit sur un petit sentier roulant en balcon. Les souvenirs de mes deux TDS me reviennent, nous passions ici en sens contraire en début de course. Il pleut de plus en plus et nous arrivons bien trempés au refuge de Maison Vieille où nous allons passer la nuit. Dire que si nous n’avions pas fait la petite boucle supplémentaire vers le lac de Miage nous serions secs !! Pas grave Philippe, il en valait le coup ton lac !

Après 7h30 de rando/course il est temps de prendre un peu de repos. Une bonne douche chaude, du jus de myrtille maison, une barre Isostar Reload chocolat puis un bon repas nous requinquent. L’ambiance dans le refuge est chaleureuse et la joie de vivre de la maîtresse de maison qui nous sert en chantant et dansant fait plaisir à voir … Mais nous ne traînons pas trop car nous devons nous lever tôt le lendemain. Et malgré le violent orage qui sévit sur les coups de minuit je passe une bonne nuit.

2ème jour entre Maison Vieille et Champex (55km 2500m+ 3000m-)

petit dej

Levés à 5h30 nous faisons le moins de bruit possible afin de ne pas réveiller les randonneurs qui dorment encore. Nous prenons le petit dej dans le hall d’entrée du refuge où les maîtres des lieux nous ont laissé de quoi manger mais des thermos vides ! Pas grave le principal ce matin est de pouvoir reprendre la route sans pluie.

La mise en route est difficile musculairement pour les copains mais pour moi tout va bien, pas la moindre courbature. On descend tranquillement jusqu’à Courmayeur . Nous traversons la ville encore endormie et attaquons la montée vers le refuge Bertone . Elle est assez raide mais pas très longue et nous rejoignons rapidement les chalets surplombant la vallée. Une banderole indique que nous sommes au 77ème km de l’UTMB (82ème km en fait donc presque à mi-course) et j’essaie de m’imaginer ici dans 2 mois au petit matin. Serais-je encore frais ? Aurais-je envie de dormir ?

sentier après Bertone

Une longue portion assez roulante se présente. Sur le papier c’est 12km assez plat. Mais en réalité ce sont plutôt des montagnes russes et même une bonne grimpette pour rejoindre le refuge Bonatti où mes collègues se paient un coca tandis que je reste à l’eau. Les jambes vont bien et je fais une bonne descente vers Arnuva. Le sentier n’est pas très technique et ça me va bien. J’attends les autres quelques minutes et nous faisons une courte pause le temps d’acheter un sandwich que nous mangerons à midi une fois le Grand Col Ferret franchi.

Le début du col se fait sur une large piste jusqu’au refuge Elena (en fait le parcours officiel grimpe directement par un petit sentier) et nous marchons d’un bon pas tout en discutant. Au refuge un traileur arrive en trottinant et s’engage dans les lacets grimpant au col. Ni une ni deux nous voilà partis à sa poursuite. J’imprime le rythme et nous revenons assez vite dans son sillage et le doublons. Nous gardons la cadence si bien que nous arrivons finalement rapidement au point culminant du tour du Mont Blanc (2525m). Didier et Joël sont un peu plus loin et nous décidons de les attendre plus bas afin de ne pas prendre froid. Du coup nous courons jusqu’à la Peule 4km plus bas. Nous voilà en Suisse et la vue sur le val Ferret est magnifique. Le jour viendra de se lever quand j’y passerai pour l’UTMB et c’est sans doute ici que la course commencera vraiment… En tout cas il faudra y arriver le plus frais possible car il restera encore du chemin !

Nous nous regroupons à la Peule où nous retrouvons aussi le traileur doublé auparavant. C’est un belge préparant l’UTMB et qui fait la reco sur une grosse semaine suivi par sa femme en voiture. Bizarrement ce sera la seule rencontre avec un coureur durant ces 3 jours. Le ciel est bien chargé et tandis que nous finissons nos sandwichs il se met à pleuvoir et un violent orage se déclenche. Nous restons à l’abri un moment le temps que ça cesse mais nous sommes bien frigorifiés. Heureusement après la pluie le beau temps (enfin presque) ! Nous pouvons nous réchauffer en courant à nouveau. Il y a presque 15km quasiment tout en faux plat descendant pour rejoindre Praz de Fort au pied de la côte de Champex. J’aime bien ce genre de terrain et j’essaie de courir le plus possible pour apprivoiser l’endroit et me mettre en condition de course. Je suis aussi très heureux de passer à la Fouly sans blessure car en 2008 lors d’une reconnaissance avec entre autre Hervé Giraud-Sauveur j’avais du stopper là, victime d’une tendinite du releveur.

La dernière ascension de la journée se fait tranquillement avec Philippe et Lionel. Un peu raide au tout début elle l’est beaucoup moins par la suite. Des sculptures d’animaux et de champignons géants en bois agrémentent cette sympathique montée. Il tombe à nouveau une pluie fine mais nous sommes à l’abri dans la forêt. A Champex nous longeons en trottinant le célèbre lac et nous attendons le reste de la troupe à la terrasse de la boulangerie de Léon président des traileurs suisses et à l’origine de la Petite Trotte à Léon.

chez Leon

Nous mangeons une tablette de chocolat Ovomaltine (c’est de la dynamite !!!) offerte par la maison en sirotant un jus de pomme pétillant. Puis après 9h15 de rando/course nous rejoignons enfin le gîte Bon Abri où nous allons passer une excellente soirée et une nuit un peu agitée et rythmée par les ronflements d’un voisin de dortoir. Heureusement j’ai les boules Quies !

3ème jour entre Champex et Chamonix (43km 2600m+ 3000m-)

Si nous sommes passés entre les gouttes dimanche et lundi il n’en sera rien durant cette ultime journée. C’est sous une pluie fine que nous nous élançons sur le coup de 6h30. J’ai opté pour le pantalon de pluie et la veste Top Extrême que je ne quitterai pas de la journée.

torrent

Les tous premiers kilomètres sont légèrement descendants et permettent de trottiner. J’ai encore de bonnes jambes, pas de courbatures, juste un début d’échauffement sous les 2 pieds qui reste supportable. Ensuite il est temps de sortir les bâtons afin d’attaquer la montée vers Bovine. Cette grimpette n’est pas trop longue mais bien raide par moment. Pas de difficulté technique particulière si ce ne sont des torrents à traverser et des vaches pas commodes sur les sentiers ! On fait une belle descente vers le col de la Forclaz où nous nous arrêtons quelques minutes avant de rejoindre Trient en contrebas. Je ne peux m’empêcher de m’imaginer quel sera mon état d’esprit à ce moment là de la course. Sûrement beaucoup de fatigue mais aussi de la joie d’en finir bientôt …

Les 800m+ vers Catogne se passe sur un bon rythme avec toujours de bonnes jambes. Je grimpe avec Philippe et Lionel et une fois en haut nous pouvons trottiner sur un superbe sentier en balcon au milieu des rhododendrons. Dommage la vue sur la vallée est bouchée par le brouillard et un vent glacial se met à souffler. Nous ne traînons pas et attaquons aussi sec la descente sur Vallorcine . Là encore beaucoup de plaisir, j’aime ces sensations après des heures d’efforts : ça ne va pas très vite mais je suis totalement relâché et presque zen !

A Vallorcine nous faisons une bonne pause. J’en profite pour donner un coup de fil à Cécile en vacances ici en famille. Mais en pleine session piscine avec les enfants nous n’aurons pas l’occasion de nous voir. Il est bientôt midi mais nous tirons jusqu’au col des Montets avant de manger le sandwich. C’est tout en faux plat montant et je ne pense pas qu’il y aura beaucoup de monde pour courir sur cette partie usante. Pour autant je me teste un peu en compagnie de Lionel en trottinant par moment si bien que nous rejoignons la maison du Parc des Aiguilles Rouges quelques minutes avant le reste de la troupe. Nous mangeons à l’abri de la pluie et terminons la pause à l’intérieur où mes compagnons continuent avec du coca et moi un thé chaud sucré.

Allez il est temps de partir à l’assaut de la dernière côte, celle menant vers la Tête aux Vents. Je prends un bon rythme dès le pied, Lionel m’emboîte le pas et nous faisons toute l’ascension ensemble. Le sentier est bien aménagé, il y a des marches taillées au sol et quelques replats. Mais en fin d’UTMB il ne sera sans doute pas aisé de pousser sur les cuisses et de lever les genoux bien haut. Nous croisons quelques bouquetins sur le sentier, ils sont ici chez eux ! La partie finale vers la Tête aux Vents n’est pas très raide mais entre la caillasse et les grosses flaques d’eau il faut faire attention où l’on met les pieds. On se regroupe au chalet des Chéserys afin de finir notre périple tous ensemble. Cela ne nous empêche pas de se tirer un peu la bourre sur le sentier roulant en balcon vers la Flégère ! Par contre je ne prends pas de risque dans l’ultime descente sur Chamonix. Beaucoup de racines, un sol glissant et caillouteux, de la buée sur les lunettes, ce serait vraiment bête de se faire une entorse maintenant.

Le chemin débouche à l’entrée de la ville à côté du complexe où l’on retire les dossards pour l’UTMB. Nous longeons ensuite l’Arve au milieu des parapluies des touristes et allons jusqu’au centre-ville où j’emmène les copains sur la place du Triangle de l’Amitié où ont lieu le départ et l’arrivée de la course. La boucle est bouclée !

à Chamonix

Merci à Philippe pour l’organisation de ces 3 jours. Merci à Lionel, Joël et Didier pour leur compagnie et leur bonne humeur. Ces 3 jours m’auront fait un bien fou tant physiquement que mentalement. Je progresse de jour en jour depuis quelques temps et suis désormais beaucoup plus confiant en mes capacités à venir à bout des 168kms de l’UTMB . Reste à peaufiner la forme jusqu’au 29 Août .