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7 ans que je pratique le trail et aucune participation au célèbre Ardéchois. Cette anomalie ne pouvant durer plus longtemps, c’est sans hésiter que je coche le rendez-vous sur mon calendrier au moment d’élaborer le planning 2014.

C’est avec beaucoup d’envie que je prends avec Murielle la route de l’Ardèche l’avant veille de l’épreuve. La météo n’est pas folichonne, un peu de pluie, de froid, de vent, mais on échappe au camping en prenant la place des frères Dilmi, blessés, dans le gîte du Team Isostar où nous retrouvons Juliette Blanchet et Cyril son compagnon, ainsi que Régis Durand et Pascal Gangloff.

Si l’envie est là, la forme est moins certaine. Malgré de bons résultats sur les dernières courses les sensations ne sont pas terribles et je sens que je commence à accuser le coup après 6 mois d’entraînement assidu et soutenu. J’ai levé un peu le pied ces dernières semaines en espérant une grosse surcompensation le jour J et crois quand même qu’une place dans le top 5 est jouable d’autant que pour cette 20ème édition aucune tête d’affiche n’est présente.

Samedi matin il ne pleut pas, le vent est frais mais les conditions sont bonnes pour courir. Le village médiéval de Désaignes (prononcez « Désagne ») s’anime et ce sont près de 1200 coureurs qui rejoignent la place centrale. Je retrouve avec plaisir Augustin Guibert, Agnès Hervé, Eric Jousselme ou encore Benoit De Preville sur la ligne de départ mais pas trop le temps de discuter car le départ est imminent. A 8h nous sommes lâchés sous le regard bienveillant de Dawa Sherpa et Loulou Chantre, le charismatique organisateur depuis 1995.

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Un petit tour rapide dans les ruelles de Désaignes, un passage devant le bœuf à la broche qui sera notre récompense dans quelques heures et c’est parti pour la première côte. Je ne suis pas très bien placé mais je ne m’affole pas, décidé à ne m’occuper que de moi durant cette ascension de presque 10km. La pente n’est pas très raide sur une large piste, je grignote des places puis me retrouve avec des coureurs ayant le même rythme que moi aux alentours de la 30ème position. Mais pas de souci car l’Ardéchois a la particularité de proposer 2 distances (36 et 57km) avec départ commun et séparation au 29ème km. Il doit y avoir une majorité de « 36 » devant moi (du moins je l’espère!).

J’ai du mal sur cette première partie montante et quelques coureurs me doublent sans que je puisse m’accrocher. Je m’étais préparé à de telles sensations et je sais que la suite du parcours est plus roulante et m’est plus favorable. Je profite d’une petite descente pour souffler un peu avant d’attaquer au rythme d’un joyeux petit orchestre la dernière partie de l’ascension vers le champ d’éoliennes. J’ai lu pas mal de récits et visionné des vidéos des éditions précédentes et c’est sympa de passer du virtuel au réel, notamment dans ce virage en épingle où Loulou encourage chaque année « ses » coureurs et où une batucada donne le rythme.

Je suis quand même bien content de retrouver un peu de plat à partir du 10ème km et de pouvoir augmenter un peu l’allure et remonter la moyenne horaire. Murielle ainsi que ma maman et André sont là mais pas le temps de m’arrêter j’ai encore du chemin !

Je gagne quelques places et rejoins assez vite les ruines du Château de Rochebonne. C’est la partie technique du parcours et je joue la prudence en ne prenant aucun risque et en essayant d’être le plus souple possible. Une fois le château derrière nous il faut encore crapahuter sur un étroit single plein de racines, traverser une cascade heureusement bien sécurisée et ma prudence me vaut le retour de quelques coureurs que j’avais lâché sur le plat. Malgré les sensations toujours pas top les kilomètres passent vite et je rejoins St Jean-Roure au kilomètre 23 après 2h18 de course. C’est le premier ravitaillement, j’y mange quelques morceaux de bananes et remplis mes bidons avec de l’eau après avoir bu jusque là 800ml de boisson Isostar Hydrate&Perform neutre. Il y a du monde, toujours de la musique mais je ne m’attarde que quelques secondes et reprends vite mon chemin.

C’est relativement roulant et je peux à nouveau gagner quelques places. On emprunte le même sentier en forêt que tout à l’heure mais en sens inverse. Cette fois je vois les éoliennes aux pieds desquelles nous passons et retrouve mon assistance au même endroit que tout à l’heure.

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La porte de séparation arrive enfin et c’est sans hésitation que je bifurque à gauche dans la descente et me lance à l’assaut des 28 derniers kilomètres. Car malgré les sensations, j’ai envie de courir, de faire des kilomètres, moi qui n’ai pas fait de course de plus de 70km depuis juillet dernier. Et puis pour l’UTMB ça serait pas mal de borner un peu non? Les signaleurs ne m’indiquent pas ma position mais je m’imagine autour de la 15ème place. Ce qu’il y a de sûr c’est qu’il n’y a plus personne en vue devant moi. Maintenant le but est de rejoindre l’arrivée en pensant à bien m’alimenter. Je prends un bon rythme de croisière, j’avance bien en descente et sur le plat et marche d’un bon pas dès que la pente s’élève. Je rattrape un coureur juste avant le ravitaillement de Sautereau au 36ème km (3h25 de course).

Mon assistance n’est pas là, elle n’a pas dû trouver le moyen d’y accéder. Tant pis je retrouverai la famille au prochain ravitaillement qui n’est qu’à 7 km. Rituel classique: remplissage des flasques avec de l’eau et quelques morceaux de banane. Là encore je ne prends que quelques secondes d’arrêt et repars en laissant derrière moi 1 ou 2 coureurs qui semblent bien fatigués!

Il commence à faire chaud et mon gilet coupe-vent pourtant grand ouvert est de trop. Je m’en débarrasserai au ravito suivant. Je continue mon petit bonhomme de chemin, rattrape Anthony Salomone qui ne peut s’accrocher et arrive assez vite (enfin si on peut dire ça à 10km/h de moyenne!) à Labatie d’Andaure, complètement désert… Le ravitaillement est en fait en bas le long de la rivière et j’y arrive accompagné d’André qui est venu à ma rencontre.

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Au moment où j’approche des tables, 2 coureurs en repartent. Murielle m’annonce que je suis 10ème et m’indique une chaise où elle a préparé mon ravito. J’engloutis de la St Yorre pendant qu’elle fait le plein de mes flasques et ajoute un gel Isostar liquide Energy Booster AOX dans ma poche. Je pensais traîner un peu plus mais le fait d’être dans le top 10 me remotive un peu et c’est bien décidé à rattraper les 2 gars juste devant que je repars.

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Le final est simple: montée jusqu’aux ruines de Rochebloine (500m+ en 3km) puis 8km de descente jusqu’à l’arrivée. Je reviens assez vite sur l’un des 2 fuyards qui semble accuser le coup (Denis Llorens). Pourtant je marche la majorité du temps mais ça semble efficace. Le second n’est pas très loin devant mais il résiste un peu. A un croisement un coureur surgit en face de moi et me dit qu’il s’est trompé de parcours. Pourtant même si le balisage est minimaliste il n’y a vraiment pas de raison de s’égarer. Il (Stéphane Carlier) reste avec moi quelques centaines de mètres avant que je ne le lâche, bien décidé à gagner encore quelques places d’ici l’arrivée

C’est enfin le fameux passage droit dans la pente au milieu des genêts qui se présente. Je m’attendais à plus dur mais finalement ça passe bien. Je me retourne 2 ou 3 fois pour regarder le magnifique panorama qui s’offre à moi puis je bascule derrière le sommet. Je reviens assez rapidement sur le gars devant moi (Sylvain Poligne) et je continue seul.

Le final est assez roulant, d’abord sur le plateau puis dans une belle descente plus prononcée. J’aimerai allonger un peu plus la foulée mais je suis gêné par une compression au niveau de la cage thoracique qui me bloque un peu. Ce doit être à cause des sangles du sac que j’ai resserrées au départ mais je ne ferai le rapprochement qu’une fois arrivé. Du coup il me tarde d’en finir et les kilomètres ne défilent pas assez vite à mon goût.

Enfin j’aperçois Désaignes au loin puis entends la voix du speaker. Des spectateurs m’annoncent 700m et me disent «bravo, 6ème». Un coup d’oeil à la montre et je vois que je vais faire moins de 5h30, objectif que je m’étais fixé au départ.

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Je franchis finalement la ligne d’arrivée en 5h27’56 » après 55km et 2400m+. Mes proches me confirment ma 6ème place. En fait je suis 7ème puisque Aurélien Collet a couru sans dossard mais à bien terminé largement devant moi. Mais le classement me place 8ème bizarrement devancé par Stéphane Carlier qui termine pourtant quelques minutes derrière moi…7ème ou 8ème, le top 5 n’est de toute façon pas atteint ! Un peu de déception donc mais finalement c’est pas si mal de terminer en moins de 5h30 et à tout juste 20′ du vainqueur Nicolas Fruchart.

Place maintenant à une bonne période de repos de 10 jours sans sport afin de recharger les batteries. Puis il sera temps de penser au prochain objectif : l’UTMB !

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