afficheDirection la Saône et Loire et le Creusot pour le second objectif de la saison. Après m’être un peu raté à l’Hivernale des Coursières en début d’année, j’ai rapidement repris le chemin de l’entraînement avec en ligne de mire le Trail des 3 Châteaux qui se court en 2 étapes, une nocturne de 20km le samedi et un 34km dimanche matin. Un format idéal en cette période de l’année qui permet d’augmenter petit à petit la longueur des compétitions. La préparation sous la houlette de Denis mon entraîneur se passe très bien, pas le moindre petit coup de froid contracté, juste une petite inflammation aux talons que je parviens à bien atténuer avec notamment des massages à l’huile essentielle de gaulthérie durant les 2 dernières semaines (merci Aline pour le tuyau !)

 

Murielle, Denis (qui nous a accueillis chez lui dans l’après-midi) et moi arrivons vers 18h au splendide Château de la Verrerie où départs et arrivées seront jugés durant tout le week-end. Je croise pas mal de monde, Christian Lefèvre et Martine Volay, les amis du club de Anse ou encore Eric alias le coureur du milieu… Je m’échauffe une vingtaine de minutes avant de rejoindre le parvis du château quelques instants avant le départ. Christian Berthin le chef d’orchestre de l’organisation fait le traditionnel briefing et il est temps de se rassembler derrière la ligne. Je ne connais pas les coureurs qui m’entourent et je ne reconnais que François Faivre (Lafuma) plusieurs tops 10 à l’UTMB qui devrait être un redoutable adversaire ce week-end.

départ nocturneA 19h15 un feu de bengale est déclenché et nous nous élançons enfin au son de la cornemuse et des applaudissements des nombreux spectateurs . Un petit kilomètre sur une large route en descente permet de quitter le centre du Creusot et d’étirer le peloton avant les premiers sentiers. 3 coureurs se détachent dont Fabrice Bost un ancien cycliste avec qui j’ai couru jadis mais je ne m’affole pas et revient sans trop de problème sur eux à la faveur de la première côte du parcours que je suis venu reconnaître juste avant à l’échauffement.

Une fois en haut nous attaquons une longue partie relativement plane le long d’une voie ferrée. Je reste sagement à l’arrière du groupe attendant d’en savoir un peu plus sur les forces en présence . Je sais que Bost ne fait que la nocturne mais j’ignore ce que font les 2 autres . Un 5ème larron nous rejoint un peu plus loin en la personne de François Faivre, le favori logique du classement sur 2 jours.

 

Un peu plus loin je passe devant pour faire ma part de travail et tandis que je suis consciencieusement le balisage entraînant avec moi François et un autre coureur, les 2 autres coupent à travers bois pour rejoindre plus rapidement les motos qui nous ouvrent la route ! Ils ne nous prennent qu’une cinquantaine de mètres et passent donc légèrement détachés au moment de traverser une route où se trouve du monde pour applaudir . Christian m’encourage et m’informe que les 2 gars ne font que la nocturne. Sans trop forcer nous revenons sur eux et François leurs fait comprendre qu’un parcours c’est fait pour être suivi ! Bien que d’accord avec lui je ne perds pas mon énergie à m’énerver et je profite du moment pour échanger 2-3 mots avec le 5ème larron (Julien Augueux) qui me dit qu’il ne fait que la nocturne . Après donc un peu plus de 3km la situation est claire, seul Faivre est dangereux pour le classement sur 2 jours .

 

Les 3kms qui suivent sur un large chemin sont assez roulants et c’est à plus de 16km/h que nous les parcourons. Je me sens vraiment bien et reste désormais en tête du groupe en n’oubliant pas de bien m’hydrater avec la boisson Isostar Hydrate&Perform Orange car il fait environ 10°C et je transpire un peu ! J’attaque en tête une petite descente courte et technique. Augueux et Faivre lâchent les chevaux et me doublent mais n’ont pas le temps de me distancer car nous sommes déjà en bas. Nous traversons une grande route sous les applaudissements des spectateurs dont Murielle et Denis à qui je fais signe que je me sens bien. C’est toujours plaisant de courir la nuit, d’évoluer dans le silence et la seule lumière du faisceau de la frontale et l’espace de quelques secondes retrouver des lumières et des encouragements. Moi j’adore !  

 

Je reprends la tête du groupe juste après et nous arrivons au pied d’une côte assez raide. Je trottine tout le long et prends quelques longueurs d’avance sur les autres. Cette grimpette est éclairée tout le long par de petites bougies posées de part et d’autre du sentier et je me régale à la négocier en tête de course. La pente s’adoucit progressivement jusqu’à redevenir un bon chemin plus roulant. Je continue à mon rythme, sans chercher à accélérer et petit à petit creuse le trou sur mes poursuivants. Je ne pensais pas me retrouver en tête de la nocturne mais maintenant que j’y suis autant le rester ! Et finalement c’est pas plus mal car je peux gérer plus facilement mon effort. Le parcours est sympa, légèrement vallonné et varié : petites routes de campagne, dévers à travers champs, single en forêt …

 

nocturneJ’arrive bientôt à Montcenis, petite bourgade où se tient le ravitaillement du 13ème km. Il y a une bonne bosse bien raide jusqu’au centre-ville. Il y a un monde fou pour m’accueillir et je passe au milieu d’une véritable haie de spectateurs. Le pied ! Ça ne dure que quelques secondes et je retrouve rapidement le silence de la nuit.

 

A la faveur d’une vue dégagée derrière moi j’aperçois un rond de lumière à ma poursuite et j’estime alors à plus d’une minute mon avance. Et afin de ne pas laisser d’espoir au coureur qui me suit j’éteins ma frontale quelques instants afin de disparaître de sa vue !

 

J’arrive au pied de la dernière côte, la plus longue du parcours. Là aussi il y a des bougies qui dessinent le chemin et je vois devant moi le chemin jusqu’au sommet de la côte où une belle arche lumineuse est installée. Mon avance me permet de ne pas me mettre dans le rouge et de grimper à ma main. Je marche même un peu dans un passage un peu plus raide. Une fois au sommet on m’annonce un peu moins de 4km avant l’arrivée. Un petit quart d’heure et j’en aurai fini avec cette première étape.

 

Les 3 derniers kilomètres sont identiques aux premiers mais en sens inverse à une exception près : les presque 150 marches pour rejoindre l’arrivée au château ! Je les trottine une par une sous les applaudissements d’une foule toujours aussi nombreuse.

 

Une tape dans la main du coach puis dans celle de Murielle et je franchis la ligne d’arrivée en 1h24’54«  après 20km et 640m+ .

 

Julien Augueux et Fabrice Bost complètent le podium mais c’est surtout l’arrivée de François Faivre qui m’intéresse . Il franchit la ligne un peu plus de 7′ minutes après moi avec dans son sillage Teddy Mansiat, un très bon traileur qui avait terminé 2ème en 2013 du combiné . Autant dire que j’ai une belle avance avant les 34 km du lendemain mais pour autant je sais qu’il ne faut pas crier victoire trop tôt.

 

Je ne traîne pas trop, m’habille chaudement et enfile les chaussettes de récupération avant de prendre la voiture pour filer chez Denis pour me restaurer au calme et prendre une bonne douche . Murielle et le coach boivent à ma santé tandis que je me contente d’une bonne bouteille de … St Yorre . La bière ça sera pour demain si tout va bien !

 

Après une bonne nuit de sommeil nous retrouvons le Creusot en début de matinée. Il fait toujours aussi beau et j’ai hâte de découvrir le coin en plein jour. Je trottine une dizaine de minutes dans le parc du château de la Verrerie avant de rejoindre le départ. 2 distances sont proposées aujourd’hui (21 et 34km) avec un départ en commun à 10h. Attention donc à ne pas partir trop vite avec les concurrents du petit parcours. Mon objectif étant de remporter le classement général il faut juste que je surveille François Faivre et Teddy Mansiat. Ne connaissant de celui-ci que son dossard je le cherche discrètement et finis par le repérer. Avec son maillot jaune et sa visière sur la tête je ne vais pas le rater !

 

A 10h le départ est donné. Nous faisons le tour du château avant de rejoindre la route et les premiers kilomètres identiques à la veille. Ça part sur un bon rythme et Teddy se place aux avants postes et il me faut quelques centaines de mètres pour remonter à ses côtés. Le bougre a l’air bien avec une foulée dynamique. Moi j’ai les jambes un peu lourdes mais je décide de passer devant juste avant la petite grimpette vers la voie ferrée.

petit groupe3 coureurs a priori pas dangereux pour le classement combiné prennent le large et nous nous retrouvons un petit groupe de 4 ou 5 coureurs juste derrière. Teddy est là mais pas de François Faivre. Ça court moins vite qu’hier le long de la voie ferrée mais ça me va bien pour le moment. Je gère bien en faisant le tempo et fais attention à m’hydrater très régulièrement (boisson Isostar Hydrate&Perform Citron). Une descente très raide et relativement longue me permet de distancer sans le vouloir mes compagnons et de revenir sur un coureur lâché du trio de tête. On s’engage ensuite dans un champ labouré par les vaches où il y a pleins de trous et où il n’est donc pas évident de courir. Les sensations sont moyennes et j’espère que je ne paie pas les efforts de la veille… Teddy est revenu dans mon sillage alors que nous sortons du champs. Denis est là et m’informe qu’il y a un gars devant qui court le combiné et qu’il a 1 minute d’avance. Je suis surpris et Murielle me confirme et m’annonce qu’il s’agit du dossard 281. Elle fait bien de me dire son dossard car je comprends qu’ils font erreur car sur le combiné les dossards ne dépassent pas les 150 (sur la nocturne les coureurs qui ne faisaient qu’une étape portaient des dossards avec un marquage différent ce qui n’est pas le cas ce matin). Donc après quelques secondes de panique je retrouve un peu de sérénité !

 

début de la côtePour autant les jambes sont toujours aussi lourdes alors que nous attaquons la remontée d’un ruisseau. Il n’y a pas beaucoup d’eau mais ce n’est pas facile de courir entre les pierres glissantes, la boue et la pente ! Je passe en marchant et Teddy en fait de même. Nous arrivons au premier ravito où je ne prends qu’un verre d’eau afin de me rafraîchir. Nous avons rejoins les marcheurs partis 1h avant nous et il va falloir doubler pendant plusieurs kilomètres une file quasi ininterrompue.

 

Ça monte encore et je me résous à marcher en pensant que Teddy en fera de même. Mais surprise il passe devant en trottinant et prend quelques mètres d’avance. J’allonge le pas, penché en avant les mains sur les cuisses mais j’ai vraiment du mal en ce début d’étape. 2 autres coureurs me passent mais je parviens à rester au contact à la faveur d’un petit replat. Mais ça remonte à nouveau et Teddy est beaucoup plus efficace et je perds mètre par mètre du terrain. Je cogite un peu même si je sais qu’il doit me reprendre plus de 7′ . Mais si jamais il était dans un grand jour et moi défaillant aujourd’hui ?

 

Enfin nous atteignons le haut de la côte et retrouvons un chemin plat le long d’un étang. Je sais que le profil va être roulant pendant plusieurs kilomètres et je fais rapidement l’effort pour boucher le trou sur Teddy. Finalement je le rejoins assez vite tandis que les 2 autres n’ont pas pu suivre. Je me cale dans son sillage bien décidé à ne plus lâcher. C’est certes plat mais pas évident techniquement : tapis de feuilles cachant le sol, boue, flaques, zigzag à travers les arbres et marcheurs à doubler, tout ça autour de 14km/h, ça ne rigole pas !!

 

Bientôt nous retrouvons un chemin plus net et plus large et je décide de passer devant car Teddy a un peu ralenti et je peux enfin courir à mon rythme. Nous arrivons à l’endroit où les 2 distances se séparent et en voyant les 2 motos démarrer au moment où nous arrivons pour nous ouvrir la route je comprends que nous sommes en tête du 35km. C’est bon pour le moral tout ça !

 

sur le 34kmUn coureur nous rejoint un peu après et c’est donc à trois que nous nous approchons du ravitaillement du 13ème. Juste avant je retrouve Murielle et Denis et je leur dis tout sourire qu’ils m’ont bien fait peur tout à l’heure. Le 3ème larron (Laurent Heurtefeu) accélère un peu sur une portion sur route et je lui emboîte le pas sans trop de problème. Par contre Teddy est lâché ce qui me surprend après son début de course. Je m’arrête au ravito remplir mes 2 gourdes avec de l’eau et manger un bout de banane ce qui lui permet de revenir et même de repartir avant moi. Mais alors que je n’étais pas très serein tout à l’heure dans la côte, je suis moins inquiet désormais et je reviens sans trop de problème sur lui et le lâche même alors que nous entamons un secteur un peu plus vallonné alternant petites routes et hors-piste en pleine forêt.

 

Je suis désormais seul en tête après avoir lâché Laurent. Nous ne sommes pas encore à mi-course et je me dis que ça va être long en solitaire jusqu’à l’arrivée mais en même temps je suis sur mon rythme de croisière et loin d’être dans le rouge. Les kilomètres défilent, j’essaie de profiter du paysage, des étangs que nous longeons, tout en restant attentif au balisage dans les sous bois car ça serait bête de s’égarer. Je m’hydrate bien en eau et je prends un Gel Energy Citron au 19ème km afin d’éviter le moindre coup de mou.

 

Je me sens bien et j’adore ces alternances de passages où l’on peut courir vite avec d’autres où l’on doit faire des petites foulées ou même marcher selon la pente. C’est d’ailleurs en marchant d’un bon pas que je négocie la remontée hors-piste en forêt juste avant le ravitaillement du Château de Brandon au 21ème km. Heurtefeu m’y rejoint alors et c’est ensemble que nous prenons quelques secondes pour nous désaltérer. Pas la peine de remplir les gourdes car il reste encore un ravito avant l’arrivée. Christian qui est ici m’encourage et nous reprenons la route.

 

Je lâche une nouvelle fois Laurent sur une partie roulante. Je sais désormais que sauf accident je vais gagner le classement général et probablement l’étape du jour. Je me méfie quand même de mon dernier compagnon qui n’a pas l’air si mal notamment en côte. Et des côtes il en reste quelques unes avant l’arrivée.

 

étang de St SerninJe passe sans problème celle juste avant de basculer vers l’étang de St Sernin où se tient le dernier ravitaillement. Je prends quelques instants pour remettre 400ml d’eau et grignoter un bout de banane avant de repartir et longer un très bel étang. J’ai presque envie d’y faire un p’tit plongeon. Murielle et Denis m’encouragent une dernière fois avant de filer vers l’arrivée distante d’environ 7km. En me retournant je constate que Laurent est toujours à une portée de fusil et il revient rapidement sur moi tandis que je profite d’une nouvelle côte raide pour marcher et ingurgiter un dernier Gel Energy Citron en vue d’une petite accélération dans le final ! Et une fois dans le faux plat descendant je repars seul.

 

Il y a de nombreux marcheurs à doubler mais aussi des participants du 21km. C’est sympa et permet de ne pas être trop seul durant les derniers kilomètres. Un signaleur m’annonce qu’il reste 3,5km alors que débute la dernière ascension du jour. C’est pas trop raide mais je sens un peu de fatigue et j’ai maintenant hâte d’atteindre le sommet et d’apercevoir le Creusot. Je marche 2-3 fois car Laurent est loin derrière mais j’arrive finalement assez vite en haut de la côte. Je retrouve alors le même final qu’hier et j’essaie de profiter au maximum du moment et de bien savourer ! J’arrive au pied des marches d’escaliers. Les motards qui ouvraient la course ont tenté de les franchir mais l’un deux est tombé et s’est a priori cassé un bras ! Dommage si prêt du but… J’essaie de passer les marches 2 par 2 mais un début de crampe aux adducteurs m’en empêche et je finis tranquillou jusqu’à l’arrivée.

arrivéeJ’en termine après 2h40’41 » après 34km et 840m+. Laurent Heurtefeu arrive un peu plus d’une minute après mais je dois patienter un long moment avant d’accueillir Teddy Mansiat qui sera donc mon dauphin sur le combiné à près de 15′. François Faivre termine encore plus loin à 23′.

 

TRAIL-RECOMPENSES-10MARS-17Je suis évidemment bien satisfait de remporter le Trail des 3 Châteaux qui était un objectif de début de saison et que j’avais donc bien préparé. C’est motivant pour la suite surtout que d’après coach Denis je suis loin d’être au top !

 

Un grand merci à lui mais aussi à l’ensemble de l’organisation qui nous a proposé un agréable week-end et m’ont gâté avec un Compex Runner en dotation. Merci aussi à la sympathique kiné pour le long massage d’après-course et à mademoiselle Agnès pour la bouteille de Hautes Côtes de Beaune !

RESULTATS